RUSSIE : Moscou riposte aux sanctions américaines

Les avoirs des riches oligarques russes, évalués à des milliards de dollars, ont été gelés depuis le 21 mars suite aux sanctions économiques américaines visant le « cercle restreint » du président Vladimir Poutine.

Une décision qui a secoué le secteur financier du pays.

Alarmés, les déposants se sont précipités vers les branches et filiales de Bank Rossiya pour retirer leurs économies, la seule entreprise à être nommée dans la liste américaine des sanctions.

La banque a indiqué que MasterCard et Visa ont également mis fin à leur service de paiement pour ses clients.

Les banques et les investisseurs étrangers se ruèrent pour réévaluer leur exposition aux entreprises russes après l’imposition des sanctions américaines sur 20 personnalités et qui risquent d’être suivies par des restrictions encore plus radicales sur les secteurs de l’économie russe.

Torbjorn Tornqvist, le CEO de Gunvor, l’entreprise de courtage pétrolier dans laquelle Poutine détient des participations selon le Trésor américain, a déclaré que le groupe avait accusé une baisse dans ses échanges pendant le dernier jour comme ses banques devaient réévaluer la situation et décider si elles pouvaient continuer à lui octroyer des prêts ou pas.

« Les dernières 24 heures ont été particulièrement perturbatrices », a déclaré M. Tornqvist.

Et d’ajouter : « Gunvor pourra survivre à cette mesure ».

Le groupe n’a pas été mis sur la liste des sanctions américaines, mais son co-fondateur Gennady Timchenko figure sur la liste noire établie par les États-Unis.

Il a vendu sa participation au cours de cette semaine, mais les rendements obligataires pour Gunvor - qui nie la participation de Poutine – ont grimpé de 7,4% à 12,1%.

Bien que les sanctions interdisent seulement de nouer des relations d’affaires avec des entreprises détenues majoritairement par des personnes blacklistées, certains dirigeants et banquiers ont indiqué qu’ils seraient quand même prudents en traitant avec les entreprises russes en général.

« Les banques ne savent pas si elles devraient continuer à opérer en Russie ou pas. Cela risque de prendre plusieurs jours pour en être certains », a déclaré le directeur financier d’un groupe russe.

Novatek, le deuxième producteur de gaz en Russie, a perdu plus de 2,5 milliards de dollars en valeur de marché après une chute de ses actions qui ont dégringolé de 13%.

Timchenko détient une participation de 23% dans l’entreprise.

Un responsable de la Banque centrale a déclaré que les sanctions avaient touché plusieurs centaines de milliers de clients de la Bank Rossiya, décrite par Washington comme étant « la banque personnelle des hauts fonctionnaires de la Fédération de Russie ».

Mais Poutine a usé de toute son influence pour soutenir la banque en annonçant qu’il allait y ouvrir un compte.

« J’ai déjà chargé la Direction administrative présidentielle de transférer mon salaire sur ce compte », a-t-il précisé.

Alex Brideau, analyste senior chez Eurasia Group, a indiqué que les sanctions appliquées sur Bank Rossiya pourraient « donner des frissons au secteur bancaire russe ».

Fitch a mis la cote de crédit souverain de la Russie sous surveillance négative, en indiquant que les banques et les investisseurs américains et européens vont être plutôt réticents à octroyer des prêts à la Russie dans les circonstances actuelles.

Les tensions politiques ne semblent pas prêtes de s’atténuer surtout que Dmitri Medvedev, le Premier ministre Russe, a menacé d’augmenter les prix du gaz ukrainien et de poursuivre le pays pour 11 milliards de dollars d’arriérés, quelques heures après la signature de Kiev d’un accord d’intégration avec l’UE.

Poutine a signé vendredi dernier les lois complétant l’annexion de la Crimée par la Russie ❚