EUROPE : Les périphériques profitent des crédits bon marché

Les gouvernements de la zone euro profitent des coûts d’emprunt exceptionnellement bas pour stimuler leurs plans d’émission de titres d’emprunt.

Certains pays seraient beaucoup plus avancés dans leurs plans de levées de dettes à un niveau record depuis le début de la crise de la zone euro.

Dans l’ensemble du bloc monétaire, les organismes d’administration de la dette ont augmenté de 29% leurs objectifs de financement établis pour 2014 selon les calculs de Barclays.

Un niveau jamais atteint depuis 2010.

Parmi les pays les plus avancés, on retrouve ceux de la périphérie de la région durement touchée par la crise.

Le Portugal, par exemple, a complété près de la moitié de son financement 2014.

La montée en flèche des émissions - qui augmentera la capacité de résistance de la zone euro si de nouvelles tempêtes financières font éruption cette année – montre à quel point les conditions de financement de la région ont continué de s’améliorer même si la Réserve fédérale américaine avait ralenti son programme d’achats d’actifs.

Les gouvernements ont également émis de la dette à plus long terme.

La durée moyenne d’émission jusqu’à présent cette année est de 8,7 années, contre 7,4 années à la même période en 2013, selon les calculs effectués par la Deutsche Bank.

La levée de fonds sur les marchés financiers est généralement biaisée vers le début de l’année, mais la hausse enregistrée cette année est remarquable car elle dépasse même le processus d’anticipation des deux dernières années, lorsque des facteurs exceptionnels tels que l’opération de refinancement à plus long terme lancée par la BCE encourage les gouvernements à émettre des obligations.

« Le marché se porte bien pendant les 12 à 18 mois, mais, en réalité, les banquiers se poseront toujours la question sur ce qui pourrait arriver plus tard dans l’année », a déclaré Huw Worthington, stratégiste obligataire chez Barclays.

« En effet, les taux d’intérêt avec lesquels les gouvernements émettent des emprunts sont incroyablement bas ».

Achim Linsenmaier, de Deutsche Bank, a déclaré: « Les souverains de la zone euro ont eu un excellent début d’année. Les souverains périphériques ont vu une amélioration spectaculaire, à la fois en termes d’écart et du type d’investisseurs intéressés par leurs obligations ».

Les rendements des obligations d’État en zone euro ont diminué à un rythme plus rapide que les bons du Trésor US ou les gilts britanniques, reflétant les anticipations d’une croissance économique et d’une faible inflation, ainsi que la possibilité d’un assouplissement de la politique monétaire par la BCE.

La dette de la zone euro devient également plus intéressante pour les investisseurs à la recherche d’un refuge loin des turbulences d’ailleurs.

« L’Europe est devenue complètement détachée des marchés émergents. Ce sont presque des paradis », soutient Erik Nielsen, chef économiste chez Unicredit.

« Les agences de la dette se sont penchées sur les rendements qu’elles trouvent étonnants. Et donc elles en profitent »