HOLCIM ET LAFARGE : Vers une méga fusion pour créer un colosse mondial de béton

C’est un colosse de béton qui s’apprête à dominer le monde du ciment.

La nouvelle survient au moment où la valeur de la transaction atteint 554 millions de dollars américains.

En effet, les deux gros cimentiers mondiaux sont en pourparlers pour fusionner.

Le nouveau groupe issu de cette fusion pèsera 40 milliards de dollars et sera positionné au sommet de l’industrie mondiale du ciment, en signe d’une reprise solide dans le monde.

Suite au démarrage rapide des M&A (fusions-acquisitions) depuis 2007, le suisse Holcim et le français Lafarge ont annoncé vendredi dernier qu’ils étaient en discussions avancées « sur la base d’une fusion entre égaux ».

Cette annonce intervient après que la valeur de la transaction ait atteint, rappelons-le, 554.3 milliards de dollars au cours des trois premiers mois de l’année, selon Dealogic, avec une série de transactions d’envergure sous-tendant la reprise du marché.

Au cours de cette période, 10 transactions ont eu lieu, évaluées à plus de 10 milliards de dollars.

Ce qui représente un tiers de l’activité totale.

La proportion la plus élevée en cinq ans.

Toutefois, Holcim et Lafarge ont prévenu qu’il n’existe aucune certitude que ces discussions mèneront à un accord définitif, et que la fusion des plus grands cimentiers du monde - qui pèsent à eux deux 40 milliards de dollars en chiffres d’affaires - est susceptible de provoquer des préoccupations de la part des autorités anti-trust dans plusieurs pays.

L’industrie du ciment fait l’objet d’un contrôle antitrust régulier, avec un marché mondial dominé par cinq entreprises dont notamment Holcim et Lafarge auxquelles s’ajoutent Cemex, HeidelbergCement et Italcementi.

Lafarge et Holcim font déjà l’objet d’une enquête de grande envergure initiée par la Commission européenne pour un comportement présumé de cartel et fixation des prix dans le marché du ciment.

L’enquête a été lancée en 2008 avec une série de perquisitions dans des entreprises accusées de « possibles restrictions à l’import /export, le partage du marché et la coordination des prix du ciment et des produits à base de ciment sur le marché ».

Mais si la transaction aboutit, ce serait une bonne nouvelle pour une industrie en proie à la surcapacité alors que le secteur du BTP a accusé un ralentissement dans le sillage de la crise financière, ainsi que par la hausse des coûts de l’énergie.

Au cours de ces dernières années, Holcim et Lafarge ont été contraints de lancer des programmes de réduction des coûts dans le but de recouvrer leur rentabilité.

Holcim, qui a enregistré des ventes à hauteur de 19.7 milliards de Francs suisse (22.1milliards de dollars) l’année dernière, s’est fixé pour objectif d’augmenter ses profits de 1.5 milliards de Francs suisse d’ici 2015.

Tandis que Lafarge, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 15,2 milliards d’euro en 2013, a tenté de restructurer ses activités et réduire l’immense dette estimée à 10,3 milliards d’euro.

Lafarge, qui s’est lourdement endetté pour acquérir le cimentier Moyen-Oriental Orascom Cement pour la bagatelle de 8,8 milliards d’euros en 2007, s’est également vu vendre des actifs pour réduire sa dette nette à moins de 9 milliards d’euros d’ici la fin de 2014, et pour rétablir sa cote de catégorie investissement.

Des investisseurs et des analystes ont spéculé pendant des années que les deux groupes finiraient par fusionner, mais les gros sujets de concurrence furent considérés comme le plus grand obstacle.

Les deux géants estiment que, compte tenu de la forte complémentarité de leur portefeuille et de la proximité culturelle entre les deux sociétés, il existe une logique à examiner un tel rapprochement .

Cette fusion, si elle devait se réaliser, « se traduirait par des effets positifs tant pour les clients et les salariés que pour les actionnaires des deux groupes », ont-ils ajouté.

Les actions des deux entreprises ont grimpé aux nouvelles des négociations.

L’action Holcim a bondi de 6,9% à 80.20 de Francs suisse.

Tandis que Lafarge de son côté s’est adjugé 8,9% à 64,09 euros ❚