La Nation au-dessus des partis
Ahmed CHARAI

La campagne électorale en France a été très dure, avec des attaques incessantes, parfois personnelles, et une agressivité assez rare dans les présidentielles françaises. Mais dès la proclamation des résultats, les deux protagonistes se sont évertués à appeler à la réconciliation et au rassemblement autour des valeurs républicaines. L’image du 8 mai est très forte et porte une grande charge symbolique. Alors que rien ne l’y obligeait, le Président sortant a tenu à associer le Président élu à tout le protocole de la cérémonie qui commémore la fin de la seconde guerre mondiale. Les deux ont glorifié la république, la Nation. C’est une leçon pour tous les hommes politiques, y compris les nôtres.

La compétition électorale fait partie du jeu démocratique, mais une fois les joutes terminées, l’intérêt général prime. Comme on l’a vu avec le lancement par Sa Majesté le Roi du chantier de la réforme de la justice, le Maroc peut y arriver. Nous avons des atouts immenses. D’abord, une institution monarchique rénovée, incontestée et soucieuse de la sauvegarde des intérêts de la Nation.

Ensuite, une constitution plébiscitée qui octroie au Chef du gouvernement de larges prérogatives dans un équilibre dynamique et innovant. Enfin, un gouvernement à la légitimité indiscutable puisque issu des urnes. Cela devrait nous permettre de centrer le débat démocratique sur les réformes nécessaires, les propositions et contrepropositions de politiques publiques autour de l’idée que chacun se fait de l’intérêt général.

Malheureusement, tous les observateurs constatent que les partis politiques, tous sans exception, sont toujours sur la lancée de la campagne électorale avec ce qu’elle comporte comme jeu politicien. Loin de nous l’idée de réclamer un consensus mou qui viderait la politique de tout sens. Pour que la démocratie vive, il faut que le gouvernement et l’opposition développent les désaccords quand ils existent, à condition que cela ne soit pas une posture conventionnelle «par principe». C’est la manière de le faire qui pose problème. La constitution offre à la vie politique un cadre d’expression libre dans la hauteur.

Il n’est pas utile de focaliser sur les luttes partisanes comme si l’on était dans une campagne électorale permanente. Au cours de la législature, le débat public doit se concentrer sur le travail législatif, dans le respect du choix des électeurs. L’intérêt général, la Nation, transcendent ou doivent transcender les structures partisanes. Il n’est pas normal que des partis d’opposition soutiennent la revendication des diplômés-chômeurs pour un accès direct à la fonction publique, alors que c’est inconstitutionnel.

Il n’est pas normal que des responsables gouvernementaux restent dans la critique, souvent personnelle, de leurs prédécesseurs au lieu de défendre la vision de leur département. En prenant de la hauteur, les politiques serviront la construction démocratique en crédibilisant les institutions. La démocratie, en définitive, ne sert qu’à assurer le meilleur vivre ensemble au sein de la Nation. яндекс раскрутка сайта