Au-delà du verbiage
Ahmed CHARAI

Depuis cinq mois, nous assistons à des polémiques stériles, souvent puériles qui occupent l’espace médiatique mais ne répondent point aux attentes des Marocains qui ont cru et croient encore, fort heureusement, aux slogans sur le changement. Le peuple marocain a fondé d’énormes espoirs sur le gouvernement actuel. Et les Marocains ont vu dans cette étape une réconciliation des citoyens avec la politique et un espoir vers plus de démocratie et plus de justice sociale.

Dans cet élan, les Marocains attendent une Diplomatie forte, qui soit la vraie vitrine de notre pays. L’affaire du Sahara est dans une phase complexe et critique, et l’histoire de Christopher Ross n’étant que la partie visible de l’iceberg. Ils attendent aussi une vraie réforme de la Justice et la consolidation des libertés. Les sorties politiciennes et populistes des cadors du PJD masquent mal deux problèmes politiques réels de la nouvelle majorité. Le premier a trait aux compétences techniques des ministres. Ils continuent à agir comme s’ils étaient dans l’opposition.

Chaque ministre critique la gestion de son prédécesseur, dénonce des faits, formule des reproches, mais aucun n’a présenté une vision déclinée en programmes d’action. Ceci alors que la situation économique est inquiétante, que les attentes sociales se font de plus en plus pressantes et que la déception touche déjà de larges franges de l’opinion publique. Le second problème politique majeur est que toutes ces sorties affaiblissent le chef du gouvernement. Si l’on pouvait, au début, considérer que ce n’était là qu’un dommage collatéral, donc involontaire, il faut se rendre à l’évidence aujourd’hui. C’est tout le contraire qui survient. Des règlements de compte à l’intérieur du PJD sont en cours et visent le chef du gouvernement.

Sa modération gêne les uns et son pragmatisme freine l’appétit d’autres. Ainsi, des voix s’élèvent pour dire en substance que Benkirane ne va pas assez loin, ni assez vite dans la réforme. D’autres accusent le chef du gouvernement d’avoir nommé parmi les walis et gouverneurs de véritables corrompus. Ce à quoi l’intéressé a répondu à ses détracteurs : «Si vous avez des remarques à faire, vous devrez les faire au sein du parti et non pas publiquement». Nous sommes donc bien face à des convulsions internes au sein du PJD qui se révèlent sur la place publique. Répétons-le, ce que les Marocains attendent c’est une véritable politique de réformes, qui aboutit à la satisfaction de revendications sociales tout en relançant la machine économique.

La conjoncture est des plus difficiles, ce qui rend encore plus ardue la mission de Abdelilah Benkirane et son cabinet. Si même les siens s’emploient à lui compliquer la tâche, alors on ne peut qu’être pessimiste sur l’issue d’une expérience qui, pourtant, jouissait de tous les soutiens. Sur le plan de la construction démocratique, il n’est pas normal que les dissensions, les menaces au sein du PJD tendent à bloquer la marche des institutions, le gouvernement en tête. usb wifi адаптер купить