En quête de sens
Ahmed CHARAI

Le passage du chef du gouvernement à la Chambre des conseillers a, une nouvelle fois, mis en exergue les insuffisances du débat politique face à la situation engendrée par tous les événements de l’année écoulée. Les élites partisanes n’ont pas réussi à élever le niveau des débats et les responsabilités sont partagées. Globalement, au risque de se répéter, il faut rationaliser le débat public.

La passe d’armes entre le député PJD Aftati, toujours lui, et le ministre de l’Intérieur, sur la relation supposée entre des agents d’autorité et des mafieux n’est pas anodine. Le parti qui dirige la coalition ne peut continuer, à coups d’insinuations et d’accusations, à polluer le débat. Son gouvernement a tous les leviers en mains pour mener les enquêtes qui s’imposent et laisser la Justice faire son travail s’il y a lieu.

Ces sorties sont d’autant plus nuisibles que le bilan de l’Exécutif est pour le moment très maigre. Les sorties médiatiques apparaissent comme une tentative d’occuper le terrain, de détourner l’opinion publique de l’inaction du gouvernement qui a six mois d’existence. Dans un accès de sincérité qui l’honore, Abdelilah Benkirane a annoncé que le reste des échéances électorales n’aura pas lieu avant la fin de l’année prochaine. Les questions qu’il évoque sont effectivement complexes, surtout concernant la régionalisation avancée.

Et c’est justement parce qu’elles sont complexes et qu’elles concernent l’avenir de tous les citoyens qu’elles doivent faire l’objet d’un débat profond et clair. La question de la décompensation est importante. L’aide directe est le seul système viable financièrement, équitable socialement et efficace économiquement. Mais il faut dire aux Marocains qu’elle signifie la vérité des prix, c'est-à-dire la hausse et que les couches inférieures et qu’on appelle les classes moyennes vont en pâtir. Il faudra probablement imaginer des compensations fiscales au niveau de l’IGR. Le gouvernement de Benkirane est le premier dans le cadre de la nouvelle Constitution.

Cela lui donne des responsabilités énormes pour renforcer la confiance des citoyens. L’application démocratique de la loi fondamentale n’est qu’un aspect. C’est sur le front socio-économique que l’opinion publique l’attend. La conjoncture est difficile, tout le monde le comprend. N’empêche que des promesses ont été faites et qu’elles ne sont toujours pas tenues. Le patronat attend les Assises de la fiscalité ou, au moins, la fixation d’une date.

Les transporteurs attendent toujours le réaménagement promis pour leur permettre de supporter la hausse des prix du carburant. L’enseignement, l’éducation et la Justice sont des réformes lourdes à réaliser, mais on ne voit même pas de feuille de route. C’est valable pour tous les départements. L’action du gouvernement, nous espérons qu’elle existe, n’offre d’aucune visibilité. Or, en démocratie, l’évaluation des politiques publiques est au centre des débats et permet de former une opinion publique au fait des contraintes et des projets. L’ambiance actuelle est délétère parce que le populisme ne peut être qu’éphémère. Il faut que le PJD assume le fait qu’il gouverne, qu’il est aux affaires. korean english translator