C’est la photo temps

DU 11 JUILLET AU 31 AOUT, LE MUSEE DE LA KASBAH DE TANGER CEDE SON ESPACE AUX CLICHES DU PHOTOGRAPHE FRANCAIS DANIEL ARON. UNE VILLE QU’IL CONNAIT BIEN

Un chasseur d’images gelées mais tellement mouvementées ! Un chercheur labyrinthique, un insatisfait inconsolable. Heureux de faire, malheureux de ne pas faire encore plus. En somme, un artiste courant derrière l’inattendu. Un doux sauvage, un être scrutant l’humain à travers ses manquements et ses absences, ses espaces incompris ou délaissés. Tanger l’a pris à la gorge et ce n’est «que» la troisième fois qu’il lui rend hommage. D’abord en y débarquant, ensuite en y résidant. Il a connu la beat generation avec Paul Bowles et s’est élargi en fréquentations, intellectuelles ou non, de tous bords. Son présent travail surgit d’un passé récent mais combien porteur de sens. Notre choix –arbitraire- porte sur trois clichés. Commençons par ce rocher troublant. Un cri vers le ciel, un ciel bas, trop près pour qu’il puisse nous léguer la compréhension. Taillé dans le temps, il nous livre alentour un agrégat de questionnements. Et cette ombre qui entend étouffer un message inaudible, ferme le regard d’un oeil sans pupille. Regardons aussi cette gorge menacée mais déjà rompue. Deuxième intrigue, une photo tout en illusions. Le mâle est là, est passé par là. Les lumières suggèrent la présence dans un volume nocturne, au silence tranchant. Clivage entre la parabole qui appelle à l’évasion et l’antenne qui tire vers le bas. Non loin, ce «désert» empli de dialogues muets. Une pièce où la vie n’est pas forcément bavarde : une lueur, sorte d’espoir, rappelant les fuyants. Une vie furieusement modeste cherchant un meilleur immédiat, le retour semblant hypothétique. C’est cela l’écorché vif qu’est Daniel Aron. Et pas seulement.

ANIS HAJJAM

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