Trop, c’est trop !
Ahmed CHARAI

Les Marocains, dans leur majorité, ont adopté une attitude rationnelle face au gouvernement actuel depuis son investiture. Des élections libres, via un vote politique, massif, ont mis le PJD et donc Abdelilah Benkirane en tête. Le gouvernement a donc une légitimité indiscutable. Seulement, les électeurs on voté pour des considérations autres que les préoccupations des politiques. Depuis neuf mois, le chef du gouvernement ne communique et ne s’exprime que sur ses relations avec le palais.

Cela devient tout simplement lassant, voire dangereux. La nouvelle constitution accorde des pouvoirs élargis au chef du gouvernement et délimite les pouvoirs du Souverain. Tout le monde s’accorde à dire que dans la pratique, cela nécessitera une période de transition, et que pour passer à une situation d’équilibre entre le résultat du suffrage universel et la légitimité monarchique, réelle, il faudrait des accords. Le chef du gouvernement ne s’emploie qu’à cet aspect. Depuis neuf mois, il a choisi le même thème, celui des gens qui voudraient un clash entre les deux institutions.

Il élargit ce cercle et y met la presse. En oubliant qu’un chef de gouvernement doit accepter «le jeu» de la démocratie qui est la critique, voire même la divergence. Or, ce débat n’en est pas un. Les Marocains attendent autre chose de leur gouvernement. Ils en attendent des politiques publiques qui relancent l’économie, qui luttent contre les injustices, qui limitent le chômage, qui rassurent sur un mieuxvivre collectif. Ceux qui ont voté PJD, ont vu cela dans le programme de ce parti. Se sont-ils trompés ? L’avenir nous le dira. Malheureusement, le chef du gouvernement s’éloigne de plus en plus des attentes des Marocains et ne propose clairement encore aucun projet, aucune réforme réelle à même de répondre aux aspirations de ceux qui l’ont élu.

Conséquence, les Marocains non seulement perdent confiance, mais voient leur avenir en danger. M. Benkirane, chef du gouvernement, oublie que sa fonction première est d’élaborer une politique générale et de la conduire. Les défis sont importants et dépassent les états d’âme. Défendre la stabilité politique du Maroc est un objectif patriotique auquel nul acteur ne peut se soustraire. Or, le pays a aussi besoin d’une vision permettant la relance économique, une justice sociale, en améliorant la performance des services publics, l’enseignement et la santé en premier, et une plus grande réactivité de l’exécutif. Parce que nous sommes attachés à la réussite de ce gouvernement issu des urnes dans le cadre de la nouvelle constitution, afin d’assoir des institutions crédibles, nous disons que trop c’est trop. Le gouvernement est là pour gouverner, prendre des décisions et non pas nous raconter le contenu de ses coups de fils. translate english into farsi