L’Éducation, un enjeu central
Ahmed CHARAI

Tous les organismes internationaux, dans leurs rapports sur le Maroc, pointent le système éducatif comme un réel handicap pour le projet de développement marocain. Dans le Royaume, le constat d’échec est fait depuis longtemps. L’arabisation généralisée a constitué le début de la descente aux enfers. Dès le début des années 1990, la Cosef, dirigée par feu Meziane Belfqih, établissait un constat sévère sur l’enseignement et cherchait les voies pour rendre à l’école publique son rayonnement. La dernière tentative est le programme d’urgence, qui a eu peu de résultats, parce que le ministre de l’Éducation nationale, Ahmed Akhchichen, a dû affronter le lobby des syndicats et le corporatisme d’un corps enseignant – non dans son ensemble, heureusement – gangrené par le manque d’éthique et de respect envers la fonction même d’éducateur.

L’école est au centre du système éducatif. Sa réforme est une nécessité qui requiert un large consensus national. Cette réforme ne peut se limiter à quelques mesures ponctuelles dont l’application est souvent entravée et les résultats, sur l’ensemble, toujours limités. Nous avons besoin d’une réforme de fond en comble des méthodes pédagogiques, du contenu de l’enseignement, du fonctionnement de l’administration et de la gestion des moyens. Une école publique, qui transmet le savoir mais aussi les valeurs de la citoyenneté, le respect des autres, des lois, de l’espace public, est une urgence. Cela ne peut être obtenu que si toutes les forces vives s’y attachent, y compris et surtout le corps enseignant.

Cela est possible, parce que le constat fait l’unanimité et l’attachement à une école, facteur d’intégration et ascenseur social, est une réalité. Quant à l’Université, elle doit accéder à un niveau acceptable, d’abord dans la recherche. Les professeurs-chercheurs, en majorité, ne publient pas de travaux, alors qu’ils perçoivent une indemnité pour ce faire. Il est vrai que les moyens mis à leur disposition sont dérisoires. Ce thème a d’ailleurs toujours été présent dans le cahier revendicatif du syndicat des enseignants universitaires. Il faudra enfin trouver des passerelles entre l’Éducation nationale dans son ensemble et son environnement, pour que l’école participe de manière plus effective au développement et qu’elle puisse trouver des moyens supplémentaires auprès du privé. Ce chantier est primordial pour la nation.

S’il requiert un consensus, il réclame d’abord la fin de l’idéologisation de la question. C’est en mettant à plat tous les problèmes, en se fixant l’objectif de l’excellence pour tous, que nous y arriverons. C’est là un dossier qui exclut toute démagogie, tout populisme. Mohamed El Ouafa, le ministre de l’Éducation nationale, s’est laissé piéger. La vidéo qui circule sur le Net ne donne pas une image positive de sa manière d’aborder le problème. Le jeu politique national est pollué par cette tendance à tout tourner en dérision pour plaire au peuple. L’Éducation nationale est un chantier trop sérieux pour être traité de la sorte. программа деревянный дом