PARLEMENT Une session chargée
Ahmed CHARAI

L’année législative qui s’ouvre est probablement la plus remplie de l’histoire du parlement marocain. Rien que pour mettre en application la Constitution, en particulier les différentes instances techniques prévues, mais aussi la régionalisation et la refonte de la deuxième chambre, treize projets de loi sont nécessaires. Les débats risquent d’être âpres, parce que les divergences, les clivages sont importants entre les différents partis, qu’ils appartiennent à la majorité ou à l’opposition.

Cette surcharge de travail, sur des sujets importants est une véritable opportunité pour le parlement. De la nature des débats, de la capacité à innover et à convaincre, dépend la crédibilisation des institutions. Toute dérive populiste, politicienne approfondira le désintérêt des citoyens. Par contre, un débat de haut niveau ne peut qu’avoir l’écoute de l’opinion publique parce que les thèmes intéressent de larges couches de la population. Le texte de la Constitution du 1er juillet est très avancé.

Mais tous les observateurs attendent les textes d’application, qui constitueront l’interprétation du législateur de la loi fondamentale. Des thèmes comme l’amazighité, par le biais du Conseil des cultures, ou l’égalité des sexes dont le Conseil de la famille devrait être chargé, sont des thèmes porteurs de clivages, mais qui intéressent les électeurs. Les travaux du parlement seront suivis à la loupe par les ONG qui militent pour ces causes. L’autre intérêt de la session qui s’ouvre concerne la discrimination positive et ses effets sur la représentation nationale. Soixante femmes et trente jeunes ont accédé au parlement par le biais des listes nationales dédiées.

Au cours des six mois passés, on ne les a pas beaucoup vus au sein de l’enceinte. Ce délai d’apprentissage passé, la session qui s’ouvre leur offre à eux aussi l’opportunité de démontrer que la discrimination positive est une valeur ajoutée pour la démocratie. Si le choix de forcer les partis à réserver 90 sièges à ces deux catégories a été fait, ce n’est pas pour la photo. Les jeunes et les femmes ainsi élus doivent apporter la sensibilité de la population qu’ils représentent au travail parlementaire. On attend d’eux qu’ils apportent de nouvelles idées, qu’ils suscitent des débats sociétaux et surtout qu’ils rénovent le travail parlementaire sclérosé par les expériences passées. Si l’on veut crédibiliser les institutions, il faut aussi réfléchir à un autre suivi médiatique des travaux. Jusqu’ici, seules les séances des questions orales sont télévisées.

Il n’y a aucune information sur les travaux des commissions, qui sont l’essentiel du travail des parlementaires, ni même sur les votes des lois. Les électeurs ne savent même pas quelles sont les positions prises par leur député. Le projet de chaîne parlementaire est toujours en stand-by, alors qu’une telle initiative pourrait réconcilier les Marocains avec les instances élues et la démocratie représentative. L’enjeu de la prochaine année législative est primordial pour la construction démocratique, non seulement par le contenu des lois à débattre, mais aussi parce que si gouvernement et parlementaires élèvent le niveau du débat, la politique retrouvera ses titres de noblesse

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