Un axe historique
Ahmed CHARAI

Ce que l’on a appelé le «printemps arabe» a déstabilisé toute la sphère, sauf les pays du Golfe, la Jordanie et le Maroc. Ces deux derniers pays, non producteurs de pétrole, ont eu des réponses politiques au désir de réforme des populations. Le Conseil de coopération des pays du Golfe a, officiellement, ouvert la perspective de les intégrer. C’est une vision stratégique qui est derrière la naissance annoncée de cet axe. Croire que le fait qu’il s’agisse de monarchies est l’unique raison est réducteur.

Pendant longtemps, des pays tels que l’Egypte, l’Irak ou la Syrie ont joué un rôle important dans le monde arabe. Ils ne sont plus en mesure de le faire, parce qu’ils sont en proie à des tensions internes. Or, les périls se sont multipliés. Le gouvernement israélien s’oppose à toutes les initiatives basées sur le principe de deux peuples, deux Etats. Les Palestiniens sont plus que jamais divisés, aucune direction ne pouvant revendiquer une légitimité certaine. L’Iran est une réelle menace politique.

Audelà du différend religieux, entre sunnites et chiites, c’est la volonté hégémonique affichée de Téhéran, qui fait peur. Les pays du Golfe ont donc intérêt à s’allier à des Etats stables, ayant une réelle présence diplomatique sur la scène mondiale et surtout des forces armées compétitives. L’axe qui est en train de se dessiner est le résultat des convulsions de la sphère. Il tend à créer une force stabilisatrice, capable de porter la voix des arabes en ce qui concerne le conflit avec Israël, de faire échec aux visées iraniennes et de proposer, ou de conforter des modèles de démocratisation en douceur.

Les niveaux très différents des avancées démocratiques dans ces pays ne peuvent occulter le fait, que tous, sentent le besoin d’institutions plus ouvertes. Sur le plan économique, le réchauffement des relations est lui aussi un objectif. Il ne faut pas croire que les pétromonarchies vont déverser les investissements au Maroc et en Jordanie par pure générosité. Les fonds souverains des pays du Golfe ont, pendant des décennies, privilégié l’Europe et les USA. Depuis cinq ans, ces économies sont en crise, n’offrent plus d’opportunités aux capitaux et la rentabilité des investissements anciens est en panne.

Le Maroc et la Jordanie ont des taux de croissance corrects et offrent des perspectives encourageantes.Il est donc normal que les fonds d’investissements s’y intéressent. L’axe en gestation n’est donc pas le fruit d’une idéologie, mais de conditions historiques objectives et c’est cet aspect qui explique que sa mise en place prend du temps. Il a plus de chances de s’inscrire dans la pérennité, parce qu’il répond à des besoins réels et non pas à une phraséologie désuète? femme en lingerie coquine