Le triomphe d’Obama
Ahmed CHARAI

Finalement les sondages se sont trompés, le président sortant a été réélu avec une large avance face à Mitt Romney, son challenger. Une avance moins importante qu’en 2008, parce qu’à l’époque, les USA sortaient d’une ère Bush catastrophique à plus d’un titre. La victoire d’Obama est donc un exploit. Avec Bill Clinton, ils sont les deux seuls présidents démocrates à avoir été réélus depuis 1945. Or, si l’homme au saxophone avait un bilan économique fabuleux, avec un taux de croissance moyen de 5%, une réduction de l’endettement de l’Etat fédéral, c’est tout l’inverse pour Obama. Dès son installation, il a dû gérer les effets de la crise financière, en creusant les déficits de l’Etat fédéral pour sauver les banques et l’industrie automobile.

Et malgré une embellie depuis quelques mois, le taux de chômage est proche de 8%. Historiquement, aucun président n’a été réélu avec un tel pic du chômage. En tout cas, la réélection d’Obama vient en réponse à d’autres réalisations. D’abord, la réforme de la couverture médicale, tant décriée par les conservateurs, a fini par convaincre de larges couches de son utilité sociale. Des millions d’Américains totalement démunis ont pu se soigner correctement grâce à son existence.

Les électeurs se sont aussi rendu compte que la sortie de crise est bien là et que le coût économique et social a été contenu grâce à une certaine inflexibilité face au système financier. Même si, selon nombre d’observateurs, la politique étrangère a eu peu d’influence sur le résultat final, Barack Obama peut se targuer d’avoir sorti les USA de la guerre d’Irak dans l’ordre et de préparer pour 2014 la fin de la guerre d’Afghanistan. Deux guerres terriblement coûteuses sur les plans financier, humain et celui de l’image des USA.

Benjamin Netanyahu a soutenu publiquement Romney, mais le vote juif a été massif en faveur du président sortant. Sa ligne de respect de l’alliance avec Israël mais de soutien à une solution politique a donc été plébiscité par l’électorat hébreu, malgré la défiance de l’establishment de l’Etat d’Israël. Débarrassé de tout souci électoral, Barack Obama peut désormais poursuivre ses objectifs de manière plus enhardie. Il a promis l’amélioration des services publics pour les régions les plus défavorisées, celles habitées par les hispaniques et les afro-américains, qui ont largement contribué à sa réélection. Il doit impérativement réduire la dette colossale de l’Etat fédéral. Il a promis de taxer les plus riches, mais il sait qu’une hausse générale des impôts réduirait la croissance.

Il sait surtout qu’il doit composer avec une chambre des représentants à majorité républicaine qui n’est pas prête à lui faciliter la tâche. Réélu, de manière très confortable, Barack Obama a la légitimité pour faire de ce mandat, un mandat historique. S’il réussit à conduire l’économie à la prospérité, à rétablir les équilibres avec la Chine, à sortir les USA d’Afghanistan sans déstabiliser ce pays, à imposer une vraie relance du processus de paix au Proche-Orient, il restera dans l’Histoire comme le président qui a réinstallé l’Amérique dans le 21ème siècle. andfr 302