Plus qu’un festival, un symbole
Ahmed CHARAI

Le Festival international du film de Marrakech (FIFM) n’est pas une manifestation culturelle anodine. C’est d’abord un symbole politique très fort. Suite aux attentats du 16 mai 2003, tous les observateurs s’attendaient à son annulation. Une décision royale a imposé son maintien, ainsi que toutes les opérations rattachées, y compris celles en plein air. Le Maroc déclarait ainsi sa volonté de ne pas céder face au terrorisme.

Ailleurs, aux USA, après le 11 septembre, et même en Europe, des manifestations culturelles avaient été annulées au nom de la sécurité. Au Maroc, par contre, de grandes vedettes internationales, non prévues au programme, ont demandé à être présentes, pour soutenir cette position ferme face à l’obscurantisme. Il est évident que le FIFM est d’un apport extraordinaire pour l’image du Maroc ainsi que pour l’industrie cinématographique. L’évènement draine des productions étrangères et permet aux professionnels nationaux d’établir des contacts directs avec des géants.

Ce sont là effectivement quelques-uns de ses objectifs et ils sont largement atteints. Au-delà de ses impacts sur l’industrie cinématographique, le Festival de Marrakech est porteur d’un référentiel de valeur universaliste qui fait à la fois son succès et son originalité. Alors que la sphère arabo-musulmane est traversée par un courant identitaire, souvent en contradiction avec l’acception universelle de la modernité, le FIFM garde son cap. Cette année, la sélection est éclectique. Le cinéma hindou est à l’honneur et les films marocains sélectionnés de Nour-Eddine Lakhmari et de Nabil Ayouch sont controversés puisque loin des conservatismes ambiants. Le festival maintient donc son idée de départ.

Celle d’une manifestation ouverte à toute la population de la ville qui bénéficiera d’une véritable action culturelle. Nous sommes face à la déclinaison d’un projet de société. Les observateurs étrangers ne s’y trompent pas. Ils se refusent au classement du FIFM en fonction de la sélection des films ou des stars présentes. Ils y voient d’abord l’image d’un pays inscrit dans la modernité et assurant le processus qui y amène. Le fait que Le Prince Moulay Rachid préside cette oeuvre est le signal que l’institution monarchique y est attachée. C’est un message fort de la pérennité des choix du Maroc. дайвинг в тайланде