Entretien avec Abdessamad Saddouq, Secrétaire général de Transparency Maroc

Entretien réalisé par S.L

L’Observateur du Maroc : Quels sont les chantiers prioritaires pour lutter efficacement contre la corruption ?

Abdessamad Saddouq : De notre point de vue, la réforme de la justice et la réduction du champ de l’impunité sont les priorités. Pour y arriver, il faut qu’il y ait une véritable volonté politique. Les instruments de contrôle du gouvernement (IGF, IGAT ...) doivent fonctionner, la Cour des comptes doit poursuivre et élargir son champ d’action, la Justice doit agir dans des délais raisonnables pour lutter contre l’impunité…

Pour prévenir la corruption, le Maroc dispose d’un arsenal juridique important, est-il efficace ?

Oui nous avons un arsenal juridique important mais qui souffre d’ineffectivité. Et plusieurs textes doivent être corrigés comme la déclaration du patrimoine, les textes sur les marchés publics ou la délégation des services publics. A cela s’ajoute la mise en place d’une instance de probité, de prévention et de lutte contre la corruption. Cette institution, comme le prévoit la constitution, aura pour mission la prévention et l’investigation sur la corruption. Un projet de loi a été déposé par le gouvernement en vue de sa création. Nous avons adressé nos remarques sur ce texte au secrétariat général du gouvernement.

Les représentants de Transparency siègent-ils toujours au sein de l’ICPC ?

J’ai démissionné de cette Instance depuis mon élection au poste de secrétaire général de TM en janvier 2012.

Pourquoi la loi 37-10 sur « la protection des victimes, des témoins, des experts et des dénonciateurs de corruption, de détournement, de trafic d’influence et autres » ne répond pas à vos revendications ?

Je précise que ce texte sorti il y a une année est une modification de la procédure du code de procédure pénale. C’est un pas positif mais c’est très loin d’être suffisant pour répondre aux impératifs du moment. Cette loi prévoit, pour simplifier, une protection physique pour les dénonciateurs. Nous, nous demandons une protection plus adaptée des dénonciateurs : entre autres, la protection des intérêts économiques des entreprises qui dénoncent et des intérêts de carrière des employés et cadres que ce soit dans le public ou le privé.

 

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