Vers une année charnière
Ahmed CHARAI

L’année 2013 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. Sur le plan économique, il est maintenant établi que la crise de la zone euro n’est pas uniquement financière, mais qu’elle est structurelle. Les projections les plus optimistes font un pronostic d’une croissance proche de zéro pour l’ensemble européen, avec des pertes d’emplois massives et une contraction de la demande. Les plus pessimistes penchent pour une aggravation de la crise et son extension à des pays comme la Hollande jusqu’ici épargnés. Le monde arabe est plus que jamais dans l’oeil du cyclone. En Syrie, si le sort du régime Al Assad semble scellé, c’est loin d’être la fin du calvaire du peuple syrien.

Les milices armées ne reconnaissent pas l’autorité de l’opposition politique et l’aspect confessionnel a été reconnu par l’ONU dans un rapport officiel. Les Islamistes sunnites mènent, en parallèle, une guerre ethnique en Egypte. Et en Tunisie, les islamistes portés au pouvoir par des révolutions qu’ils n’ont ni initié, ni dirigé, tentent de brider les aspirations démocratiques. Dans les deux cas, des processus contestataires violents se mettent en branle, refusant de remplacer une dictature par une autre.

En Afrique, la situation est plus contrastée. Certains pays, stables et organisés, sont sur le chemin d’une croissance forte et offrent de réelles potentialités. Malheureusement, d’autres, sont toujours en proie à des guerres civiles, à des troubles ethniques bloquant toute avancée réelle. Le Nigeria et la République Démocratique du Congo, pourtant très riches, sont dans cette situation. Le Grand Maghreb est toujours au point mort à cause des relations entre le Maroc et l’Algérie. Nos voisins de l’Est ont un système politique peu ouvert et une économie ultradépendante des hydrocarbures. Malgré l’aisance budgétaire, les besoins des populations, en particulier la jeunesse, ne sont pas pris en compte, ce qui laisse présager des tensions sociales.

Au Maroc, quelque soit la posture de tout un chacun, l’on est obligé de constater que le pays a réalisé, pacifiquement, un grand bond dans sa transition démocratique. L’exception marocaine est une réalité que même les plus critiques reconnaissent. Cependant, la classe politique ne s’est pas hissée au niveau des événements. Le débat public est très pauvre, souvent ridicule. Cela n’empêche pas les citoyens, en majorité, de garder leur confiance dans l’étape historique. C’est sur le plan économique que les nuages s’accumulent. Les déficits des comptes publics se creusent et mettent en évidence la faible compétitivité des entreprises nationales. Une crise de liquidités menace de gripper encore plus la machine.

L’exécutif n’a proposé, pour le moment, aucune stratégie pour rebooster l’économie. Il y a urgence, parce que notre environnement, comme décrit plus haut, n’incite pas à un optimisme béat. Sauvegarder les acquis politiques passe par la résolution des problèmes sociaux et la lutte contre la précarité. 2013 ne peut être qu’une année charnière, souhaitons-le, vers le mieux. C'est-à-dire, des institutions confortées et une croissance économique redynamisée. теплые дома под ключ