Sahara : Le nouvel élan

Le rapport du Conseil économique et social sur le modèle économique des provinces du Sud est intéressant à plusieurs titres. D’abord, il s’inscrit ouvertement dans le projet de régionalisation avancée, celle-ci étant conçue comme une vision globale et non pas uniquement comme une décentralisation administrative.

Les propositions du CES s’appuient sur un constat, celui de l’épuisement du modèle actuel de développement des provinces du Sud. Ce modèle s’appuyait sur l’investissement public et la dépense fiscale par le biais de différentes exonérations. Il a sa propre rationalité, celle de la mise à niveau par rapport aux provinces du Nord. L’objectif est atteint en termes d’infrastructures de base. L’activité économique, en dehors de la pêche hauturière et le BTP, n’a pas atteint les niveaux souhaités. Le taux d’urbanisation très fort, l’extrême jeunesse de la population crée des tensions sur le marché de l’emploi. C’est pour dépasser ce stade que la feuille de route de l’équipe de Benmoussa est importante.

En effet, il est plus que temps de sortir de « l’exception » du Sahara. Près de 40 ans après la décolonisation, ces provinces doivent acquérir une maturité du modèle économique qui permette de les normaliser progressivement, tant au niveau fiscal qu’au niveau du soutien social. C’est à la fois un impératif économique, l’intervention de l’Etat fort coûteuse, n’ayant pas généré le développement souhaité et un objectif politique. Quand il s’agit du Sahara, la politique n’est jamais loin et le modèle proposé s’inspire largement de la proposition d’autonomie, en proposant, sur le volet économique, une plus grande valorisation des ressources.

C’est réellement un nouvel élan qui est proposé aux provinces du Sud. L’intervention étatique, massive, ne sera pas diminuée, mais mieux ciblée. Les aides sociales, dans le cadre de la lutte contre la précarité, doivent trouver d’autres usages créateurs de richesses et d’emplois.

Mais le projet nécessite, comme ailleurs, l’adhésion des élites locales, parce que justement, il est inséparable de la régionalisation avancée. On a vu par le passé, que les notables locaux étaient plus dans la posture de revendications à l’Etat, parfois à titre individuel, que dans un réel projet de développement des régions.

Les attentes ne manquent pas, pourtant. La formation a fait un véritable bond en avant. La culture sahraouie est favorable à l’entreprenariat, les capitaux endogènes existent.

C’est maintenant la volonté politique qui doit primer. Si le projet fait l’objet d’un débat entendu, il est probable qu’il ait l’adhésion de larges couches de la population, ce qui l’imposerait aux élites politiques régionales. translate english to russian language