Réagir et vite
Ahmed CHARAI

La crise est là, bien installée. Les milieux d’affaires la ressentent dans différents secteurs d’activité, en parlent avec une critique acerbe de l’attentisme de l’exécutif. Celui-ci a fait de la lutte contre le chômage sa priorité. Les classes d’âge pour le premier emploi continuent à être très importantes. Il suffit de savoir que le nombre de bacheliers avoisine les 200.000 par an pour évaluer celui des demandeurs d’emploi. Or, il est établi que la fonction publique ne peut en absorber qu’une infime partie. Les chiffres officiels, ceux du Haut Commissariat, font état d’une perte de 10.000 emplois par l’industrie marocaine. Plusieurs groupes connaissent de grosses difficultés, sans que les pouvoirs publics puissent intervenir, faute de mécanismes adéquats, qui euxmêmes nécessitent une vision claire. La crise de l’économie est aggravée par la situation des comptes de l’Etat. La balance des paiements est catastrophique, les réserves de changes ne couvrent plus que 3 mois d’importations, la dette intérieure s’envole, aggravant la crise des liquidités bancaires et donc les difficultés de financement de l’économie. La réforme de la caisse de compensation est une nécessité urgente pour retrouver une aisance budgétaire largement entamée par les poids respectifs de la masse salariale et de ladite caisse. Le gouvernement l’a annoncée pour fin 2012 et les bailleurs de fonds, le FMI en l’occurrence, l’attendent. Seulement, on ne connaît ni les procédures d’identification de ceux qui bénéficieront de l’aide directe, ni les conditions de la mise en place de celle-ci. Il n’y a aucune étude de l’impact de la hausse des prix qui découlera de la décompensation sur l’économie en général et sur les classes moyennes en particulier. Les pouvoirs publics donnent une image d’attentisme, mais aussi d’incohérence. Ainsi, la création d’une place financière à Casablanca en offshore devait permettre d’attirer un flux financier. Les textes la concernant n’ont eu l’assentiment du gouvernement qu’il y a dix jours, plus d’un an après sa création. Entre temps, une disposition fiscale augmentait la taxation des flux. Or, c’est l’un des arguments de l’attractivité et Casablanca est en compétition avec plusieurs places financières internationales qui, elles, déroulent le tapis rouge aux capitaux de toutes provenances. Les problématiques sont multiples et nécessitent des décisions rapides mais dans la cohérence qui ne peut provenir que d’une vraie vision. Sur la fiscalité, les opérateurs avaient fondé beaucoup d’espoirs sur les Assises renvoyées à fin juin. Le dossier de l’industrialisation mérite une attention particulière. Des filières entières sont en déclin. D’autres peuvent se développer mais avec un soutien. A ces raisons objectives s’ajoutent d’autres subjectivités. Les hommes d’affaires se sentent stigmatisés par un discours politique les mettant en cause de manière permanente, souvent assorti de menaces par ailleurs. L’exécutif ne peut crier d’un côté, que c’est l’entreprise qui crée les richesses, la croissance et de l’autre, stigmatiser les entrepreneurs. La sortie de crise est possible avec un train de mesures cohérent et efficace et un climat sain. Pas autrement ! car cover bmw x1