ABDERRAHIM BOUABID RESSUSCITÉ
Abderrahim Bouabid de 1975 u00e0 1992

Bien loin, mais toujours présentes à l’esprit des « ittihadis de souche », les années glorieuses de l’USFP sont liées au nom du tout premier Premier secrétaire de ce part : Abderrahim Bouabid. Ses courageuses positions, sa droiture et son dévouement sont toujours donnés en exemple. D’où cette phrase qui revient en leitmotiv dans les propos des socialistes marocains de tous bords : « Ah Si Bouabid si tu étais là ! ».

Nostalgiques, les usfpéistes continuent de s’entredéchirer. Aujourd’hui sur qui va présider le groupe parlementaire, hier sur qui allait devenir zaïm à la place du zaïm. Et avant-hier sur qui va décrocher le plus important maroquin… Evoquer aujourd’hui la mémoire de Abderrahim Bouabid, s’impose. 22 ans après sa mort, ses déclarations criées haut et fort à une époque où rares étaient les militants qui osaient élever la voix, restent d’actualité. Que l’on en juge à travers ce florilège !

« Comment voulez-vous dans de telles conditions que le peuple évolue seul lorsqu'il constate surtout que certaines élites auxquelles il croyait auparavant sont devenues désormais de simples pions totalement amorphes et ne pensant qu'à tirer des avantages personnels. » Déclarait-il, en 1966, dans une interview accordée à Maroc- Information et non publiée puisque ce quotidien a été aussitôt interdit de parution. A bien lire cette analyse, on peut bien se demander si l’interviewé parlait aussi aux élites de notre époque, notamment ceux de son propre parti.

En 1976, lors de la session ordinaire du Comité Central de l’USFP, tenue à Béni Mellal, Abderrahim Bouabid a bien expliqué le sens de la démocratie, la vraie, à son auditoire : « La démocratie à laquelle nous aspirons n’est pas la démocratie formelle. Elle est celle qui exige que les problèmes des masses soient posées et débattus au niveau national (…). La participation aux élections n’est pas mue par des considérations électoralistes pour avoir tel ou tel résultat et faire élire telle ou telle personne (…). Pour nous, ceci est secondaire. Le plus important lors des élections c’est que les cadres du parti ouvrent un large débat avec les masses sur toutes les questions nationales et locales. Il faut que nous expliquions le sens du socialisme et pourquoi le socialisme ». C’est vrai que le socialisme a changé depuis, mais pas le sens de la démocratie. Où en est aujourd’hui le parti de la rose de tout cela ?

Des messages pour le pays Autre déclaration d’anthologie dans l’interview censurée de Maroc-Information : « Le problème des pays sous-développés n'est pas tant la recherche des investissements, c'est d'abord un gouvernement et une administration conscients de leurs responsabilités. »

Par ailleurs, Avec Mehdi Ben Barka, son compagnon de route, Bouabid a aussi déclaré, en 1963, sur les colonnes de Jeune Afrique : « Aucune mesure, isolément, n’est à elle seule décisive. C’est un ensemble cohérent, un véritable plan de développement qui peut donner des résultats globaux. Je sais bien qu’il y a des gens pour se contenter de cette philosophie sceptique de nos anciens colonisateurs qui consiste à dire Pensez-vous, vous vous faites des illusions. Ces pays sont pauvres et le resteront éternellement. Nous ne sommes pas de ces gens-là. Nous sommes de ceux qui croient dans les possibilités de notre pays. » Et d’ajouter : « Le Maroc n’est pas un pays pauvre. Chez nous, il y avait, et il y a encore, toutes les conditions d’un bon départ. L’infrastructure coloniale existe. Nous n’avons pas à partir de zéro. La piste de décollage est là. Il faut de l’énergie et le sens de l’intérêt public, mettre le carburant dans l’avion et le faire démarrer. » L’USFP d’aujourd’hui a tout intérêt à réviser son histoire pour s’en inspirer ❚

 

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