« Nous voulons aller vers une logique de vérité des prix »
MOHAMMED FIKRAT Pru00e9sident de FIMASUCRE et PDG de Cosumar

L’Observateur du Maroc. Quel est aujourd’hui l’état des lieux de la filière sucrière au Maroc ?

 

Mohamed Fikrat. De l’amont jusqu’à l’aval, la filière sucrière est totalement intégrée. Elle couvre une superficie totale de 80.000 hectares (60.000 ha pour la betterave à sucre et 20.000 ha pour la canne à sucre), avec 80.000 producteurs, notamment de petits agriculteurs, et bénéficie d’un contrat-programme depuis 2008. Ce contrat-programme a été un coup d’accélérateur pour la filière, puisqu’il a permis d’améliorer la productivité des plantes sucrières et également le revenu des producteurs. Les résultats ne se sont pas fait attendre : 9,5 tonnes de sucre sont générés à l’hectare contre 7,8 en 2006. On note aussi la généralisation de l’utilisation de la semence monogerme à hauteur de 94%, le développement de la mécanisation des semis à plus de 87% et le développement de la mécanisation de la récolte de l’ordre de 13% pour la betterave à sucre et 37% pour la canne à sucre. Notre logique dès le départ est de faire le maximum avec la même superficie, et c’est ce qui explique cette augmentation significative de la quantité produite à l’hectare en l’espace de quelques années.

Quel est l’impact de l’augmentation du prix du fuel ?

L’augmentation importante du prix du fuel pèse lourdement sur la filière sucrière, notamment au niveau des sucreries consommatrices de betteraves. Elle compromet les investissements futurs et hypothèque l’avenir de la filière.

Quelles sont les mesures prises par Cosumar pour faire face à cette situation ?

Dans le cadre du contrat-programme 2008-2013, Cosumar a investi 5 milliards de dirhams qui ont permis une nette amélioration de nos ratios de consommation en fuel. Grâce à ces actions, par exemple, la consommation de la raffinerie de Casablanca en fuel a baissé de 30%. Or, les gains en matière d’efficacité ont été freinés par cette hausse du prix du fuel ce qui a réduit nos marges. En dépit de cette situation, nous avons pu maintenir nos résultats financiers en 2013, comparativement à l’année précédente. Néanmoins, nous ne pourrons pas dégager davantage de valeurs pour investir plus dans les unités industrielles au Maroc et aller à l’international. Aujourd’hui, on veut aller vers une logique de vérité des prix c’est ce qui justifie notre sollicitation d’une révision à la hausse du prix du sucre administré par l’Etat. Le modèle actuel est voué à l’échec. Le secteur sucrier étant très capitalistique, en l’absence d’une telle mesure, on risque d’hypothéquer l’avenir de cette filière stratégique.

Quelles perspectives de développement de Cosumar à l’international ?

Nous sommes prêts pour l’aventure. D’ailleurs, l’entrée de Wilmar à hauteur de 27,5 % dans le capital de la société est une porte pour Cosumar vers l’Afrique. Wilmar est déjà présent dans le continent et a l’atout principal d’être un opérateur intégré ayant une forte présence à l’international : Australie, Nouvelle-Zélande, Indonésie, Malaisie, Côte d’Ivoire, etc. Nous ciblons pas mal de pays, mais je ne peux citer de nom pour le moment ❚

 

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