Agroalimentaire, toujours pas de contrat-programme !

Le secteur agroalimentaire marocain est l’un des plus actifs et des mieux organisés de la filière exportatrice marocaine.

Il compte aujourd’hui plus de 2.000 unités industrielles, emploie plus de 100.000 personnes et contribue à hauteur de 10% du PIB marocain.

Lors du premier trimestre de l’année, les exportations du secteur de l'agriculture et de l'agro-alimentaire ont accusé une baisse de 2,5% (236 MDH).

Cette diminution est liée au recul des ventes de l'industrie alimentaire (5,6%) atténué, toutefois par la hausse des exportations d'agrumes et primeurs (6,4%).

Le Plan Maroc Vert est susceptible d’apporter des solutions pérennes à l’augmentation de l’offre en matières premières destinées à la transformation.

Et ce, à travers le développement d’une production agricole diversifiée et de qualité, disponible d’une manière régulière et à des prix compétitifs.

Le potentiel de développement est estimé à 10 milliards de dirhams de PIB additionnels et pourrait générer environ 24.000 nouveaux emplois directs à l’horizon 2015.

Par ailleurs, le pays consolide ses atouts autour de nouveaux pôles agricoles, au nombre de six, situés dans les régions de Meknès, Berkane, Souss, le Gharb, El Haouz et Tadla.

Ces agro-pôles seront dotés d’espaces pour la transformation, le conditionnement et la valorisation des produits agricoles, en plus de matériels logistiques et d’un guichet unique afin de faciliter l’export de produits agricoles et d'améliorer la productivité.

Toutefois, des problèmes perdurent, notamment l’irrégularité de l’approvisionnement des unités industrielles et la fiscalité.

Deux problèmes qui expliquent la faiblesse de la valeur ajoutée de cette filière.

« L’industrie agroalimentaire ne représente aujourd’hui que 10% du PIB alors que dans d’autres pays voisins, comme l’Espagne ou encore la France, ce taux est respectivement de 15% et 18 % », déplore la Fenagri.

Une stratégie dédiée aux industries agroalimentaires est en effet une revendication pour le moins récurrente de la part des professionnels de cette filière.

Récemment, un mémorandum d’entente a été signé entre le gouvernement et la Fenagri afin de définir une stratégie de développement et d’élaborer un contrat-programme.

« La Fédération nationale de l’agroalimentaire attend beaucoup de la stratégie industrielle 2014-2020.

Mais nous attendons le contrat-programme qui tarde à voir le jour.

Il permettra de mettre en place des mesures pragmatiques et opérationnelles », ajoute un membre de la Fenagri.

Et de renchérir : « La mondialisation nous oblige à être plus compétitifs, or, la concurrence étrangère à l’instar de l’agroalimentaire turc, dévore des parts de marché à notre détriment ».Grâce à des mesures comme la fixation de prix plancher, certaines branches ont pu faire face aux importations qui ont inondé le marché local, mais d’autres filières de l’agroalimentaire continuent toujours d’en souffrir.

Fiscalité

Pour améliorer la valorisation des produits agricoles, les industriels de l’agroalimentaire proposent des incitations fiscales car les taux actuels (30% au titre de l’impôt sur les sociétés, 38% de taux marginal pour l’impôt sur le revenu et 20% de taxe sur la valeur ajoutée) ne peuvent que renchérir les produits transformés.

La Fenagri suggère une baisse de l’ensemble de ces impôts.

Elle est plus précise sur la TVA dont le taux devrait être ramené de 20 à 14% pour améliorer la compétitivité et encourager la consommation.

Le contrat-programme devrait également faciliter l’accès aux intrants, autre difficulté rencontrée par les industriels de la filière agroalimentaire qui sont contraints de s’approvisionner sur les marchés étrangers.

Car la production agricole ne correspond pas aux normes exigées par l’industrie, ce qui, par conséquent, réduit la compétitivité sur les marchés d’exportation.

« Actuellement, on remarque que les produits importés, et particulièrement dans le cadre des accords de libre-échange, sont plutôt favorisés.

Ce qui réduit davantage notre compétitivité sur notre propre marché », regrette un industriel qui ne manque pas de signaler que cette situation risque de pousser nombre d’opérateurs de la filière à opter pour l’importation ❚

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