Paris : General Electric et Siemens se disputent Alstom

Alors qu’il devait rencontrer le PDG du géant américain General Electric, qui convoite la division énergie du groupe français Alstom, le gouvernement français a décidé de reporter ce rendez-vous. Après que l’Allemand Siemens se soit montré lui aussi intéressé pour racheter une partie des activités d’Alstom, Bercy a annoncé par un communiqué que le gouvernement souhaitait disposer du temps nécessaire à un examen sérieux des propositions. Dans une lettre adressée au PDG d’Alstom, Patrick Kron, Siemens a proposé la création de deux nouveaux champions industriels européens – l’un dans le secteur de l’énergie sous le leadership de Siemens et l’autre dans celui du transport dont Alstom serait propriétaire. La proposition d’échange d’actifs dont une copie a été obtenue par le Financial Times, représente une intervention spectaculaire par Siemens pour éviter que son puissant rival GE n’étende davantage sa présence en Europe. L’intervention de Siemens pourrait trouver grâce auprès du gouvernement français, qui aurait exhorté le groupe allemand d’avancer pour éviter le glissement d’un

[caption id="attachment_10892" width="150"] Patrick Kron[/caption]

joyau industriel français entre les mains des États-Unis. Siemens propose de racheter les actifs d’Alstom dans l’énergie (équipements pour centrales thermiques, énergies renouvelables...).contre une somme en cash. Ce paiement sera complété par une partie de sa branche transport qui regroupe les trains à grande vitesse et les locomotives. Siemens évalue les activités d’énergie d’Alstom à un montant compris entre 10 et 11 milliards d’euros. Quant aux garanties évoquées par le groupe allemand, Siemens pourrait maintenir les emplois en France pendant au moins trois ans. Concernant l’activité nucléaire d’Alstom, Siemens se dit prêt à discuter avec le groupe et ses actionnaires de solutions appropriées pour ses actifs nucléaires, qui pourraient passer par une cotation distincte, tout en garantissant les intérêts de la France. Siemens a publié le 27 avril une brève déclaration affirmant qu’il était prêt à s’entretenir avec Alstom sur de « futures opportunités stratégiques ». Arnaud Montebourg, le ministre de l’Industrie français, avait prévu de rencontrer Jeffrey Immelt, le PDG de GE, le 27 avril à Paris pour discuter de l’approche non confirmée de $ 13 milliards proposée par le groupe américain. En mettant un frein à tout accord hâtif entre GE et Alstom, M. Montebourg a

[caption id="attachment_10893" width="150"] Jeffrey Immelt[/caption]

déclaré : « Compte tenu des enjeux stratégiques pour l’industrie et l’économie françaises, le gouvernement ne prendra aucune décision dans la précipitation ». Et d’ajouter qu’un rapprochement entre Alstom et Siemens pourrait créer deux «champions européens» dans les secteurs du transport et de l’énergie, mais Paris voulait « prendre le temps nécessaire pour un sérieux examen des deux propositions ». Dans une lettre adressée à M. Immelt, obtenue par BFM TV, M. Montebourg a déclaré: « Nous avons été surpris d’apprendre que General Electric et Alstom se sont engagés dans des discussions avancées. . . sans aucune interaction préalable avec le gouvernement français ». Ce ne serait pas la première fois que M. Immelt soit snobé par Paris pour ne pas avoir sollicité l’appui officiel. Il y a quatre ans son offre pour l’unité de l’équipement du réseau électrique d’Areva a été rejetée en faveur d’une entreprise française ❚