LE TRAVAIL SE PRÉCARISE

«Le taux de chômage urbain est un indicateur plus fiable que le taux de chômage national. Il connait une légère augmentation depuis le début de 2013. Il a atteint 14% au troisième trimestre après avoir été de 13,7% au premier trimestre et de 13,8% au premier trimestre », observe Yasser Y. Tamsamani, économiste affilié à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), centre de recherche en économie de Sciences Po. Sa conclusion : « Cette dégradation de la situation sur le marché du travail en 2013 s’accompagne par une montée de la précarité de la population active, et de la dépendance des jeunes et des seniors».

Appauvrissement des salariés

L’absence de filets sociaux opérationnels (couvertures médicales, d’indemnités chômage, etc.) n’arrange pas la situation. « Les actifs occupés, tout âge confondu, sont victimes de plus en plus de la précarité au travail. Le Maroc devrait donc, si cette tendance se confirme dans les trimestres à venir, faire face au phénomène des travailleurs pauvres. D’abord, dans la population totale des travailleurs réguliers, plus d’un million sont sous-employés avec une augmentation de 61.000 actifs sous-employés entre le troisième trimestre de 2012 et le troisième trimestre de 2013 », décrypte Tamsamani. Cette analyse rejoint celle du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui consacre sa lettre mensuelle à la situation du marché de l’emploi. « Le marché du travail est à l’image de la faible dynamique économique », constatent les chercheurs du CMC. L’autre signe inquiétant est cette « perte de vitesse continue en matière d’emploi », spécialement dans le secteur de l’industrie en faveur des services. « En contrepartie de la destruction d’emplois dans l’industrie, les secteurs des services et de l’agriculture en créent. Ce transfert d’activité des secteurs au potentiel de productivité élevée vers des secteurs à faible niveau de productivité entrainerait une baisse des salaires tout en appauvrissant, par voie de conséquence, les nouveaux arrivés sur le marché du travail », prévoit l’économiste de OFCE-Sciences-Po Paris. Les jeunes chercheurs d’emplois sont prévenus… ❚

 

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