L’AMDL veut rattraper son retard !

Selon Abdelaziz Rabbah, ministre de l'Equipement, du transport et de la logistique, la logistique représente un outil hautement stratégique pour l’économie nationale. «Ce secteur connaît une évolution très positive confirmée notamment par le nombre d’entreprises internationales qui se sont installées dans différentes zones stratégiques du Royaume, en particulier Casa et Tanger», a-t-il déclaré lors de l’ouverture du 3ème salon international du transport et de la logistique pour la Méditerranée "Logismed. Et de rajouter «Nous essayons d’insuffler une nouvelle dynamique à la logistique au Maroc en intégrant dans la stratégie sectorielle la logistique urbaine et rurale. les contrats d’application sectoriels et d'autres régionaux sont en cours de finalisation. Ces contrats relatifs à la formation, à l'amélioration de la compétitivité logistique des flux matériaux de construction, aux flux de distribution interne et aux flux import-export devront permettre d’avoir une meilleure visibilité en termes d’investissement dans ce domaine». En effet, lesdits contrats devaient, être ratifiés en début de l’année. Mais vraisemblablement, ce sera fait cette semaine. Mieux vaut tard que jamais. Le premier de ces contrats se propose un gros challenge dans la mesure où il a pour but de moderniser et organiser tout le dispositif de transport et logistique qui sert à approvisionner le commerce dit intérieur. En fait, il s’agit plus concrètement de toute cette flotte de camions et autres véhicules qui irriguent chaque jour les petites ruelles de nos villes pour livrer aux épiceries, entre autres, une multitude de produits. La tâche ne sera pas facile au regard de la complexité et surtout de l’atomicité du secteur. Quelques chiffres suffisent pour en donner un aperçu. Aujourd’hui, le commerce intérieur, objet de ce contrat, est composé de quelque 230.000 points de vente dont 90% sont classés dans le commerce traditionnel. 180.000 magasins sont d’une superficie de moins de 50 mètres carrés et 80.000 magasins sont en fait des épiceries de quartiers. Il s’agira donc, dans le cadre de ce contrat, d’organiser la flotte, d’optimiser les flux de livraisons quotidiens, de moderniser aussi le dispositif car plus de 70% de produits sont transportés dans des conditions qui ne respectent pas les normes standards en matière de qualité, de sécurité et de protection de l’environnement. Un dernier chiffre, enfin, pour mesurer l’ampleur de la tâche : en 2013, le commerce intérieur, toutes catégories confondues, s’est fait livrer pour un volume total de 28 millions de tonnes de marchandises dont 16 millions de produits alimentaires frais (produits laitiers, viandes, volailles, huile, sucre…) et 8 millions de produits non alimentaires, notamment l’habillement et textile et les produits d’hygiène. Selon les prévisions de l’agence, ce volume atteindra les 35 millions de tonnes en 2020. Le deuxième contrat qui sera signé prochainement est relatif, lui, à un secteur tout aussi névralgique mais non moins chaotique que les matériaux de construction. Le diagnostic préliminaire de l’agence fait d’ailleurs état des mêmes problématiques : un secteur dominé par une multitude de petits opérateurs (revendeurs traditionnels de matériaux de construction) et des conditions de transport qui ne répondent pas aux normes dans 90% des cas. Et là aussi, la modernisation de cette filière ne sera certainement pas une partie de plaisir. La preuve, en 2013, ce sont quelque 240 millions de tonnes de matériaux de construction qui ont été transportés sur les routes marocaines par des camions qui, dans presque 98% des cas, ne remplissent pas les conditions minimales en termes de qualité, de sécurité et encore moins en termes de respect de l’environnement. Le troisième contrat, lui, est relatif aux flux import-export. Un flux tout aussi volumineux que les deux précédents avec quelque 78 millions de tonnes par an dont 23 millions de tonnes à l’export et 45 millions à l’import. Ce troisième contrat pose encore plus de défis dans la mesure où, en plus des problèmes posés par la chaîne logistique local, il est davantage compliqué car il fait intervenir en plus des transporteurs étrangers, les services de douane marocains et étrangers, les autorités portuaires… Le contrat devra, entre autres objectifs, parer à deux faits majeurs observés jusque-là: plus de 80% des flux aussi bien à l’import qu’à l’export consistent en des marchandises transportées en vrac (84% pour l’export et 79% pour l’import) et, d’un autre côté, plus de 75% des flux se trouvent concentrés sur quatre ports, à savoir Casablanca, Jorf Lasfar, Mohammedia et Safi. Pour remédier à tout cela, l’AMDL propose dans ses trois projets de contrats une batterie d’actions, 61 en tout, à mener entre 2014 et 2018, dont 13 pour le transport des matériaux de construction, 15 pour le commerce intérieur et 33 pour les activités d’import- export. L’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL) souhaite aujourd’hui accélérer la mise en oeuvre de la stratégie nationale de la logistique. Ce dynamisme devrait se poursuivre cette année, sachant que son conseil d’administration, tenu le 20 janvier, vient de la doter d’une enveloppe budgétaire de 83,8 millions de DH pour la concrétisation de son plan d’action 2014. L’exercice 2014 s’avère également particulier puisqu’il verra l’AMDL se consacrer à la définition des projets de zones logistiques à lancer dans chacune des régions du Royaume. Et pour répondre à la problématique du foncier, des conventions entre l’AMDL et la direction des domaines devraient être signées courant 2014 en vue de s’assurer de la réservation du foncier nécessaire pour l’implantation de ces zones ❚

 

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