Et si la Chine devenait la première puissance économique ?
Bob Hormats et Zhou Xiaochuan

L’ère de la domination économique mondiale des États-Unis est en passe de s’achever au profit de la Chine. Et bien plus vite que prévu, d’après les organismes statistiques internationaux. L’année 2014 risque donc de marquer un tournant historique dans le rapport de force économique mondial puisque les États-Unis occupaient la première place depuis 1872, date à laquelle Washington a pris de l’avance sur la Grande-Bretagne. La plupart des économistes pensaient que la Chine ne passerait devant Washington qu’à l’horizon 2019. Les données compilées par le Programme de comparaison internationale (ICP) relevant de la Banque mondiale, publiées le 30 avril, sont des estimations fort fi ables car elles se basent sur le pouvoir d’achat réel (PPA parité du pouvoir d’achat) dans les différents pays et sont utilisées par la plupart des organismes publics et du secteur privé, tels que le Fonds monétaire international. C’est la première fois que ces données ont été mises à jour depuis 2005. Après des recherches approfondies sur les prix des biens et services, l’ICP a conclu que l’argent va davantage vers les pays les plus pauvres que l’on ne le pensait, favorisant ainsi le renforcement des économies des marché émergents. Les estimations fondées sur le pouvoir d’achat réel ou le PPP, sont reconnues comme étant plus crédibles dans la comparaison des économies plutôt que l’usage des taux de change volatiles, qui reflètent rarement le vrai coût des biens et services: Cette approche laisserait les Etats-Unis (PIB de 16.2 trillions $ en 2012) loin devant la Chine dont le PIB s’établissait à 8.2 trillions $. En 2005, l’ICP a estimé que l’économie chinoise faisait moins de la moitié de l’économie américaine. Mais avec la nouvelle méthodologie, combinée avec les chiffres de la croissance chinoise, le PIB chinois mesuré en parité de pouvoir d’achat représentait 87% du PIB américain en 2011. En 2011, le rapport, fondé sur le pouvoir d’achat réel (PPA), constate que : «Les États-Unis restent la plus grande économie du monde, mais suivis de près par la Chine ». Avec les prévisions du FMI affichant que l’économie de la Chine a cru de 24% entre 2011 et 2014 alors que celle des États- Unis est prévue d’augmenter de seulement 7,6%, la Chine devrait dépasser les Etats-Unis cette année. Les chiffres révolutionnent l’image du paysage économique mondial, renforçant ainsi l’importance des grands pays à revenu intermédiaire. L’Inde devient la troisième plus grande économie ayant précédemment été placée 10ème. La taille de son économie a presque doublé allant de 19% de l’économie US en 2005 à 37% en 2011. La Russie, le Brésil, l’Indonésie et le Mexique se retrouvent dans le « top 12 » mondial tandis que le Royaume-Uni et le Japon perdent du terrain. L’Allemagne a légèrement amélioré sa position. Quant à la position de l’Italie, elle est restée inchangée. Ces résultats risquent d’intensifier les querelles sur le contrôle des organisations internationales dont notamment la Banque mondiale et le FMI, qui sont de plus en plus en inadéquation avec l’équilibre du pouvoir sur l’échiquier économique mondial. En prenant en considération la consommation réelle par habitant, le rapport a révélé que la nouvelle méthodologie avec une croissance plus rapide dans les pays pauvres ont « considérablement contribué à la réduction » de l’écart entre les riches et les pauvres, « ce qui tendrait à indiquer que le monde est devenu plus équitable ». Les pays riches du monde représentent toujours 50% du PIB mondial, tout en contenant 17% seulement de la population mondiale. Après avoir comparé le coût de la vie dans les différents pays, le rapport a également constaté que les quatre pays les plus chers du monde sont: la Suisse, la Norvège, les Bermudes et l’Australie. Quant aux pays où les coûts sont les plus faibles, on retrouve l’Égypte, le Pakistan, le Myanmar et l’Ethiopie ❚