PÉTROLE : Le Maroc ne désespère pas

« Nous sommes confiants !» C’est avec ces mots que Amina Benkhadra a réaffirmé son optimiste quant à l’aboutissement des différentes opérations de forage menées au Maroc pour trouver du pétrole. La directrice générale de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM) s’exprimait lors du Sommet Morocco Oil & Gas organisé à Marrakech à l’initiative de l’Office, en collaboration avec l'International Research Network. Ce sommet international a pu réunir quelques unes des plus grandes institutions pétrolières et gazières du monde. « L’objet est d’offrir une plate-forme de débat et de concertation à toutes les parties concernées par les explorations pétrolières et le potentiel national en matière de pétrole et de gaz ainsi que les enjeux énergétiques et la facture en hydrocarbures au Maroc », nous explique Benkhadra. Cette dernière a d’ailleurs profité de l’occasion pour insister sur l’importance de la persévérance et de l’investissement dans ce secteur particulièrement capitalistique, si le Maroc veut obtenir les résultats escomptés. La responsable s’est d’ailleurs félicitée des derniers travaux accomplis dans ce sens en qualifiant la période actuelle « d’exceptionnelle ». « Le Maroc a vu, ces dernières années, l’accroissement des travaux de forage. Les investissements de leur côté ont considérablement grimpé pour atteindre 2,3 milliards de dirhams en 2013. C’est dire l’intérêt et l’engouement que suscite le Maroc, actuellement, auprès des compagnies pétrolières internationales », argumente Benkhadra. La DG de l’ONHYM insiste sur le potentiel des bassins sédimentaires marocains, le cadre réglementaire et législatif attractif et les perspectives prometteuses des différentes recherches géo-sismiques. Des propos qui sont confirmés par les partenaires présents au Sommet qui ont annoncé l’investissement de plus de 5 milliards de dirhams, soit 27 forages durant 2014. Une dynamique qu’il faut maintenir, selon Benkhadra, mais qui a été remise en question récemment par l’annonce du retrait de certaines compagnies, spécialement la compagnie irlandaise Fastnet. De quoi raviver les doutes qui planent déjà sur le véritable potentiel pétrolier du Maroc. Cette annonce a été rejetée en bloc par Benkhadra. « Aucun de nos partenaires n’a quitté la barque. Il faut savoir que ces sociétés ont signé des contrats qui les engagent et qui s’étalent sur 8 ans étalés sur plusieurs périodes ». Et d’ajouter : « Si une compagnie n’atteint pas ses objectifs dans un point précis et que le puit en question s’avère sec, elle le bouche, l’abandonne et continue ses forages sur les autres sites initialement déterminés dans le permis de recherche. C’est une pratique courante dans ce secteur qui nous permet d’ailleurs d’avoir toutes les données réelles par rapport à des hypothèses faites en amont avec la géologie sismique. Cela n’a rien d’alarmant ! ». La responsable ne se laisse donc pas démonter pour autant en mettant en exergue plusieurs cas similaires. « Beaucoup de puits qui sont aujourd’hui prolifiques aux USA, dans les bassins de la Mer du nord ou en Afrique de l’Ouest ont été découverts après moult tentatives et un bon nombre de puits secs. L’exemple du prolifique puit Jubilé au Ghana est éloquent. Il a fallu 70 forages de puits secs avant de tomber sur le positif », assure la directrice générale de l’ONHYM. Des propos qui sont confirmés par Kosmos Energy, l’heureuse compagnie détentrice des droits de Jubilé, venue participer aux travaux du Sommet Oil & Gas. Notons que la trentaine de puits à forer reste en dessous des potentialités marocaines et par rapport à l’étendue des côtes du pays, soit 3.500 kilomètres. Une sous exploitation que les spécialistes expliquent par le caractère hautement capitalistique et risqué du secteur. C’est ce qui décourage d’ailleurs les investisseurs marocains qui laissent le champ totalement libre à une quarantaine de compagnies étrangères. Ces dernières sont attirées principalement par l’odeur de l’or noir, par la stabilité du royaume mais surtout par le cadre fiscal attractif et les marges de gain qui peuvent atteindre jusqu’à 75%. « C’est un taux inégalé à l’échelle internationale », souligne Abdelkader Amara, ministre de l’Energie, des mines, de l’eau et de l’environnement. Intervenant à l’ouverture des travaux de ce sommet, le ministre a profité de l’occasion pour annoncer la création d’une commission interministérielle dédiée à l’exploration pétrolière et gazière. « Une initiative de plus pour faciliter la mission de nos partenaires », explique le ministre (Lire entretien ci-contre). Des efforts qui devraient encourager Kosmos Energy, Longreach Oil & Gas Exploration, Fastnet, Cairn Energy et les autres prospecteurs à poursuivre leur quête de l’or noir sur le sol marocain ❚

 

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