« Nous ne voulons pas vendre la santé, mais plutôt organiser le secteur ! »
El Houssaine Louardi, ministre de la santu00e9.

L’Observateur du Maroc.

La loi encadrant la pratique de la médecine au Maroc ravive toujours la polémique, êtes-vous toujours aussi décidé à aller jusqu’au bout ?

El Houssaine Louardi.

Oui. La réforme envisagée est à mon avis la meilleure solution pour le secteur de la santé au Maroc. Face aux problèmes et dérives que connait ce secteur, il faut du courage politique et de grandes orientations pour le remettre sur les rails. La refonte du cadre législatif s’impose en raison de l’évolution de la pratique médicale. La médecine évolue en effet à très grande vitesse, nous devons nous adapter ou nous serons aculés à régresser. C’est pourquoi cette reforme est indispensable. D’ailleurs, elle ne pouvait être envisagée sans une refonte de la législation relative à l’exercice de la profession.

En quoi la libéralisation de la santé que vous proposez réglera-t-elle le problème ?

D’abord il ne s’agit pas d’une libéralisation, plutôt une ouverture du capital pour les non médecins. Ensuite, personne ne peut prétendre résoudre tous les problèmes liés au secteur de la santé par le recours au service public ou au secteur privé. Les deux composantes vont devoir travailler ensemble, collaborer pour proposer la meilleure offre de soin possible. A l’heure actuelle, cette offre n’est pas équitable. Il existe toujours aujourd’hui des zones non ou faiblement couvertes. C’est le cas notamment de Dakhla et de Laâyoune. Il n’y a pas de cliniques privées dans ces régions. Il ne faut pas compter uniquement sur le public pour répondre aux besoins de la région. Le privé doit aussi appuyer le public. La libéralisation attendue est aussi une solution pour lutter contre le chômage. De plus, il s’agit d’un moyen pour renforcer la compétitivité entre les cliniques, ce qui va faire baisser sensiblement les prix et améliorer l’attractivité. Nous ne voulons pas vendre la santé, comme le prétendent certains, mais plutôt organiser le secteur.

Mais en quoi l’ouverture des capitaux est-elle bénéfique pour les citoyens ?

La concurrence provoquera certainement une baisse de prix et une amélioration de la qualité des prestations. Nous sommes à la recherche de la transparence et de l’efficacité. Nous sommes aussi à la recherche d’investisseurs et tous ceux qui ont de l’argent peuvent investir dans ce secteur. Le projet est clair : toutes les décisions médicales ne peuvent être prises que par des médecins. Nous avons inséré des propositions dans le projet, qui concernent les relations conventionnelles entre les médecins et la clinique, selon lesquelles la commission médicale sera constituée exclusivement de médecins. Et nous avons également créé une commission d’éthique où ne siègeront que des médecins et des infirmiers pour statuer sur toutes les questions d’éthique qui concerneront la clinique. Par contre, pour ce qui est de la commission de gestion, je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas avoir parmi ses membres des non-médecins. Notre politique sera faite et tracée par le ministère et sera décidée par le gouvernement.

Des investisseurs non médecins vous auraient-il déjà approché pour investir dans le secteur ? Si oui, où souhaiteraient- ils s’installer ?

J’ai au moins 53 dossiers sur mon bureau d’investisseurs qui ont exprimé leur volonté de franchir le pas. Certains sont marocains d’autres sont des étrangers et souhaitent avoir des informations sur les dispositions de la loi marocaine. Par rapport aux zones d’installation, il est encore tôt pour se prononcer sur le sujet, mais une chose est sûre le ministère a le droit de leur imposer de s’installer là où il y a le besoin ❚

 

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