« Le Maroc économisera 500 milliards de dirhams sur sa facture énergétique »
Sonia Mezzour, Secru00e9taire Gu00e9nu00e9rale de l'Agence nationale pour le du00e9veloppement des u00e9nergies renouvelables et de l'efficacitu00e9 u00e9nergu00e9tique (ADEREE)

L’Observateur du Maroc.

Depuis des années, on parle d’énergies renouvelables au Maroc sans que l’on voie des résultats palpables. Où en est-on aujourd’hui dans ce domaine ? Sonia Mezzour.

L’ADEREE a piloté la toute première stratégie d'efficacité énergétique au Maroc. Laquelle s’étale jusqu’à l’horizon 2030 et permettra de réduire pas moins de 25% de consommation énergétique finale dans les secteurs les plus énergivores. Ce n’est pas tout, cette stratégie devra permettre la création de 500.000 emplois et d’éviter l’émission de 320 millions de tonnes de CO2, ce qui n'est pas négligeable. On y gagne aussi 0,3% de PIB chaque année, soit 500 milliards de dirhams de baisse de la facture énergétique nationale, ce qui n’est pas négligeable non plus.

S’il y a un secteur où le résultat de vos actions de sensibilisation doit être palpable, c’est celui de l’immobilier. Or on ne voit pas encore des panneaux solaires sur les toits des nouveaux logements. Pourquoi ?

Excellente question, que fait-on dans ce domaine ? D’abord il fallait asseoir un champ réglementaire et l’ADEREE a travaillé, depuis sa création en 2011, sur le volet réglementaire thermique. L’objectif est de faire en sorte justement que chaque nouveau logement au Maroc soit construit dans les règles de l'art en matière d'efficacité énergétique. Cela va de la bonne orientation au soleil du bâtiment à l’isolation thermique, en passant par les matériaux de construction utilisés… Cette réglementation a été publiée au Bulletin officiel et sera mise en oeuvre à partir de 2015. Elle va aussi nous permettre de voir plus de panneaux solaires sur les toits.

En matière d’énergie propre, les ambitions du Maroc vont au-delà de la consommation domestique. Le pays nourrit l’espoir de pouvoir un jour exporter le surplus de sa production en énergie solaire vers l’Europe. Serait-ce réalisable ?

S’appuyant sur l'article 9 de la directive européenne qui stipule que l'Europe peut s'approvisionner en énergie verte au Sud de la Méditerranée, précisément au Maghreb, le Maroc avance bien dans ce sens. Nous pouvons effectivement exporter l’énergie verte en Europe. D'ailleurs, c'est ce qui va nous permettre de financer ce gap entre le coût réel du solaire de Ouarzazate, ou dans les autres centrales, les 2000 méga watts que nous allons produire et le coût réel de l’électricité. Se pose alors un problème logistique, notamment celui de la liaison directe vers l’Europe qui pourrait coûter énormément d'argent selon les experts. Autre problématique posée, c'est la concurrence à laquelle devra faire face le Maroc face aux offres intra-européennes. Mais au-delà de cette perspective, les énergies renouvelables demeurent importantes pour le Royaume parce que nous avons des ressources absolument exceptionnelles tant au niveau du solaire que de l'éolien, et dans d'autres domaines aussi bien entendu. Ces énergies seront à même de réduire la facture énergétique du pays. Comme vous le savez, le Maroc reste jusqu’à présent dépendant en matière énergétique de ses importations en pétrole, or nous ne pouvons pas continuer sur ce registre à payer une lourde facture. C’est pour cela que, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi, de grands programmes structurants ont été lancés pour faire en sorte de diversifier nos sources d’approvisionnement et garantir ainsi notre sécurité énergétique ❚