Simo Baazzaoui : «Virtuose de la guitarra flamenca»

‘Musicien autodidacte originaire de la région d’Essaouira, Simo Baazaoui intègre en 2001 le Conservatoire de Musique de Rabat, où il rejoint l’Ensemble de Guitare de Rabat avec lequel il réalisera une série de concerts. Grâce à sa culture hispanique, il s’introduit avec brio dans l’univers du flamenco et devient virtuose de la guitarra flamenca. Au fil des années, il compose des morceaux uniques alliant sonorités marocaines et andalouses qui confèrent à son art une dimension mondiale et humaine. Reconnu en Espagne pour son talent et sa technicité, il continue de porter de part le monde le fanion de la world music à la sauce marocaine, notamment en France ou en Jordanie. Sa belle prestation à Chefchaouen au côté de Aroa Fernandez et Issam (chant), Imad Baraka (nay arabe) et Adam Hakiki (cajon), n’est pas passée inaperçue.’

 

 

L’Observateur du Maroc.

Ça vous fait quoi de jouer pour la première fois à Chefchaouen ?

SIMO BAAZZAOUI.

J’adore cette ville, je viens la visiter presque chaque année. C’est l’endroit idéal pour ce genre de style musical qui mixe musique marocaine et andalouse (espagnole).

Qu’est ce qui vous attire dans le flamenco ?

Je me suis toujours intéressé à la fusion entre le flamenco et la aïta. Et comme j’aimais la poésie arabe, je voulais faire du flamenco en arabe. Et comme il y avait des similitudes entre le flamenco et la musique marocaine chaâbi, j’ai décidé de travailler sur plusieurs styles : sahraoui, issaoui, aïta, tamawayt,… La guitarra flamenca est l’ambassadrice de notre musique en Espagne et c’est aussi une façon pour nous de faire connaître la musique espagnole au Maroc. Cela dit, il ne faut pas donner au public marocain un produit 100% flamenco, pour qu’il puisse intégrer et accepter notre style.

Comment votre style musical est reçu en Espagne ?

Très bien. D’ailleurs, un de mes morceaux de fusion entre le tamawayt et le flamenco e eu beaucoup de succès en France.

On vous connaît plus à l’étranger qu’au Maroc ?

Oui, ici, on est encore au stade d’éduquer le public à notre musique. Pourtant, il y a une grande demande, et chaque genre musical doit occuper la place qui lui revient, le public doit avoir l’embarras du choix. Nous essayons d’imposer progressivement notre style, ça n’est pas facile, mais grâce aux médias, on va y parvenir.

Les styles de musique que vous aimez ?

J’aime la musique raffinée, poétique et porteuse d’idées. Mais ce qui me touche le plus, c’est le flamenco, aita, comme Kharboucha, le tamawayt de l’Atlas, (Rouicha), le jazz mélodique, le blues,… Le musicien, c’est comme une éponge, il s’imprègne des autres cultures pour réaliser sa propre toile.

Comment vous avez réussi à vous imposer en Espagne ?

Les espagnols sont réticents au fait de laisser notre musique s’exporter à l’étranger. Il ya une sorte de lobby de flamenco qui essaie de protéger leur culture. Mais quand ils voient que tu rentres avec un poids musical, linguistique et artistique, ils finissent par t’accepter. Cela dit, la distribution reste très difficile. Nous, on vise plutôt le Maroc parce que le marché est saturé en Espagne. Les espagnols associent souvent la musique marocaine à ala (Chkara,…), or, notre vrai point commun, c’est aita, le chaibi et le flamenco, surtout rythmiquement parlant. La façon de chanter, les textes qui parlent de souffrance, de mort, de traditions religieuses, de mariage…tout se ressemble et on essaie de créer un pont entre les deux cultures.

Vos projets ?

On a fini le 1er CD, il n’est pas encore en vente. On prépare le 2e album. Malheureusement, il n’y a pas d’industrie musicale au Maroc et on est souvent amené à diffuser nos morceaux gratuitement sur youtube pour que les gens puissent les découvrir ❚