France Montebourg brandit l’arme nucléaire contre les OPA

Le gouvernement socialiste français a provoqué un clash avec le Royaume-Uni sur la façon d’approcher les fusions-acquisitions en se ré-armant de nouveaux pouvoirs pour bloquer les OPA et protéger ses secteurs stratégiques Alors que le gouvernement britannique se ronge les sangs à propos de la proposition de rachat formulée par Pfizer pour AstraZeneca estimée à 63 milliards d’EUR, Arnaud Montebourg, le ministre français de l’Economie, a annoncé un décret qui impose l’aval du gouvernement en cas de tentative d’acquisition d’une entreprise jugée stratégique et ce, dans le cadre de sa bataille avec General Electric, qui tente de racheter les activités énergétiques d’Alstom pour 13,5 milliards de livres sterling. L’approche a été condamnée par Vince Cable, le ministre britannique de l’économie qui a indiqué qu’il s’agissait de stratagème du gouvernement pour repousser la critique interne à propos de sa gestion du dossier GE. « Ce n’est pas une proposition sérieuse de la part de Monsieur Montebourg », a-t-il- dit, pointant le fait que les règles européennes s’appliquaient aussi bien à Paris qu’à Londres. Et d’ajouter que « cela ne changera rien à l’approche mesurée et rationnelle adoptée par le gouvernement britannique ». De son côté, Montebourg insiste que le décret était un « choix de patriotisme économique ». « Il s’agit d’un réarmement essentiel pour rééquilibrer le rapport de force. La France ne peut rester les bras croisés alors que d’autres États agissent », a-til rétorqué en insistant sur le fait que le décret avait une moindre portée que les pouvoirs détenus par le Committe for Foreign Investment américain. M. Montebourg a été immédiatement avisé par Bruxelles, qui a le pouvoir de bloquer le décret et toute autre action contre les prises de contrôle individuelles.

Michel Barnier, commissaire européen pour le marché intérieur, a déclaré que le décret devrait faire l’objet d’un « examen de conformité » avec le droit de l’UE. Et d’ajouter que la France ne pourra soumettre toutes les OPA à une homologation nationale. «Il est clair que ce serait du pur protectionnisme ». Le décret durcit les mesures qui donnent à l’Etat un droit de veto sur les prises de contrôle dans des secteurs tels que la défense, l’énergie, les transports, les services publics et la santé. Qualifiée par un officiel français d’ «arme nucléaire», cette approche donnera au gouvernement plus d’influence dans ses négociations avec GE sur l’opération Alstom. In fi ne, l’offre de Pfizer a déclenché un débat sur la perte potentielle des technologies et compétences clés au Royaume- Uni. Le plan de GE d’acheter l’unité d’énergie d’Alstom a également suscité la même controverse en France ❚