Maroc-Tunisie : La nouvelle ère
AHMED CHARAu00cf

La visite royale en Tunisie, la première du genre, revêt une importance capitale. Depuis la révolution tunisienne, les relations entre les deux pays ont pris une dimension nouvelle. Le président tunisien a rappelé plusieurs fois le soutien du Maroc à la transition tunisienne. Le même Président Marzouki ainsi que les associations de Droits de l’homme font état de leur désir de s'inspirer du modèle marocain de justice transitionnelle, en vue d'une réconciliation nationale. La vision marocaine du développement Sud-Sud est favorablement accueillie à Tunis, dont la diplomatie plaide pour une revitalisation de l’UMA, malheureusement bloquée par l’Algérie. Les nouveaux dirigeants tunisiens savent que l’intégration régionale leur permettrait de remettre sur pied, plus rapidement, l’économie de leur propre pays et poser les bases d’un décollage vers le développement. Les deux pays, dans des contextes très différents, sont les seuls cas où les islamistes participent ou ont participé à la gestion des affaires, sans hégémonie, mais sans grands heurts non plus. C’est un point commun qui est à mettre à l’actif de deux transitions réussies dans des conditions différentes même avec la même approche consensuelle. L’autre point d’ancrage est la position des deux pays sur la sécurité, la lutte contre le terrorisme, où il y a identité de vue. La Tunisie est concernée par la situation Libyenne et les remous du Sahel. Les deux diplomaties partagent la même vision, celle d’une réponse sécuritaire qui repose aussi sur l’appui à la démocratie et le soutien au développement, tout en assurant la promotion d’un Islam tolérant. Sur le plan économique, les failles du régime de Ben Ali ont été mises à nu par le pouvoir postrévolutionnaire. Au-delà de la prédation gigantesque, l’économie était entravée par une législation obsolète, un système financier fragile et une concentration hors normes. Malgré la situation politique, plusieurs textes ont été adoptés pour mettre à niveau l’environnement des affaires en Tunisie et améliorer l’intégration à l’économie mondiale. Cette visite se présente donc sous les meilleurs auspices. La question politique est hautement présente, puisqu’en plus des entretiens avec le chef de l’Etat, il est prévu que Sa Majesté s’adresse à l’Assemblée constituante, ce qui est une première pour la Tunisie de l’aprèsrévolution. Nul doute qu’une coopération institutionnelle en découlera pour renforcer des liens déjà excellents. La question de l’UMA sera posée, parce que le Maroc et la Tunisie n’ont cessé de rappeler le coût du non Maghreb pour tous les pays de la région, évalué à deux points de croissance, ce qui est énorme. Le Moyen-Orient, la stabilité en Lybie, seront abordés. Sur ce dernier point, il y a identité de vue sur la nécessité de renforcer la sécurité de ce pays frère, ainsi que la recomposition des structures étatiques, en appuyant la transition démocratique. La délégation des hommes d’affaires qui accompagne sa Majesté pourra établir des contacts en vue de partenariats fructueux. Rien ne s’y oppose désormais, puisque les rapports politiques sont au beau fixe, ce qui n’était pas le cas du temps de Ben Ali. Maintenant les législations tunisiennes ont évolué et les deux économies ne peuvent que gagner à développer leur volume d’échange. Encore une fois, la vision Royale d’une diplomatie active, sur la base de valeurs, mais aussi du choix du développement Sud-Sud, offre l’opportunité de liens plus profonds au profit des deux peuples ❚