RUSSIE : British Petroleum défi e les Américains

A l’issue de la signature d’un accord avec le géant public Rosneft, British Petroleum (BP) a réitéré son engagement envers la Russie. Le groupe veut procéder à des opérations de prospection conjointes dans un bassin russe d’huile de schiste malgré les sanctions américaines contre Moscou et contre le CEO du pétrolier russe en personne. Le contrat fait partie d’une série d’accords signés par le patron de Rosneft, Igor Setchine sous l’oeil approbateur du président Vladimir Poutine, lors d’une cérémonie de clôture du Forum économique mondial de St Petersburg qui suscite actuellement la controverse. Setchine, visé par les sanctions américaines le mois dernier en tant que membre de l’entourage de Poutine, a préféré en rire en soulignant que ces sanctions « ne semblent plus si menaçantes ». Les États-Unis avaient exhorté les entreprises occidentales à boycotter le forum, l’équivalent russe de Davos. La plupart des CEO américains ont boycotté l’événement. Néanmoins, bon nombre de dirigeants européens de premier plan dans le secteur de l’énergie y ont participé, démontrant ainsi la volonté de leurs entreprises de poursuivre leurs activités en Russie en dépit des sanctions américaines et européennes. L’accord a été signé juste avant le vote présidentiel en Ukraine, le 25 mai, jugé essentiel à la reconstruction de la légitimité du gouvernement de Kiev après l’éjection de Viktor Ianoukovitch et au milieu d’une insurrection séparatiste croissante dans l’Est. L’annexion par la Russie de la Crimée et le soutien aux séparatistes ont conduit au durcissement des sanctions contre toute personne directement impliquée dans la crise ukrainienne, et contre l’entourage de Poutine. Bob Dudley, le directeur général qui a assisté à une réunion privée avec Poutine, mais qui n’est pas signataire du contrat de 300 millions de dollars avec Setchine, a réaffirmé l’engagement de BP - qui détient 19,7% de Rosneft - envers la Russie. « Je pense qu’il est important de faire le déplacement pour voir et écouter », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : « Nous avons la responsabilité de soutenir nos partenaires dans les moments difficiles ». Dudley a indiqué qu’il n’a eu aucun contact, à tire personnel, avec le gouvernement américain au sujet de sa présence au Forum. Mais un autre dirigeant d’une société européenne a déclaré que Washington lui avait donné du fi l à retordre à propos de sa participation. L’accord est le dernier dans la course des groupes pétroliers occidentaux désirant s’associer à des entreprises russes afin de profiter des allégements fi scaux pour les projets de « pétrole difficile », entrés en vigueur en septembre dernier. Rosneft a formé une coentreprises avec ExxonMobil et Statoil, tandis que Gazprom Neft, filiale pétrolière du géant russe, est lié par un accord de coopération avec l’anglo-néerlandais Royal Dutch Shell ❚