La dimension humaine
AHMED CHARAu00cf

La visite royale en Tunisie a été un succès total. L’identité de vue des deux pays sur les questions internationales a été remarquable et la nécessité d’un Maghreb uni a été fortement soulignée. Le Président Marzouki a réitéré son désir de bénéficier de l’expérience marocaine en matière de justice transitionnelle. Sur le plan protocolaire, jamais la nouvelle république tunisienne, née de la première révolution arabe, n’avait réservé un accueil aussi chaleureux à un chef d’Etat. Mais parce qu’il s’agit de relations entre deux peuples frères, cette visite était aussi chargée d’émotion. Dans son discours, le Roi a tenu à insister sur les attentes populaires, la nécessité d’y répondre. Les membres de la constituante tunisienne dans leurs déclarations, ont tenu à féliciter les Marocains pour leurs acquis. Souvent l’émotion était perceptible dans la voix des orateurs. Qui n’a pas été ému de l’attitude paternelle du Roi vis-à-vis de son fils, le prince héritier Moulay El Hassan lors de la cérémonie des décorations ? Par le geste, par le regard, l’expression de l’amour pour un fils s’exprimait. Il faut d’ailleurs noter que c’est la première fois que le Roi du Maroc effectue une visite officielle accompagnée du Prince héritier et du prince Moulay Rachid. Enfin, le Roi s’est défait du protocole et a visité Tunis, le Boulevard Bourguiba, en tenue décontractée. Il a été acclamé par la jeunesse et s’est plié aux demandes de photos- souvenirs, comme à son habitude. Nous sommes là dans une autre dimension, l’humaine, celle de liens ancestraux entre les peuples. Cette dimension, une fois restituée politiquement comme c’est désormais le cas entre le Maroc et la Tunisie, ne peut que renforcer les partenariats. Le Grand Maghreb n’est pas facultatif a dit le Roi. C’est une nécessité économique pour permettre la satisfaction des besoins des populations des pays de la région. C’est aussi une nécessité politique pour permettre à la région de peser comme un ensemble, sur la scène africaine. Mais au-delà, c’est une nécessité parce que les peuples ont pleine conscience d’une histoire et d’un devenir communs. Cette aspiration unitaire est démontrée par des faits historiques. Quand le Roi du Maroc reçoit la veuve et le fils de Farhat Hachad, on est devant un très grand symbole. L’assistanat du dirigeant tunisien avait eu comme résonance au Maroc, de très grands mouvements populaires qui annonçaient la fin du protectorat. Les peuples tunisien et marocain avaient soutenu la révolution algérienne alors qu’ils étaient fraîchement indépendants. C’est une réalité incontournable qui finira par s’imposer à tous. Le Grand Maghreb est une revendication populaire, aussi naturelle. Les vicissitudes politiques du moment la retardent mais ne peuvent pas l’empêcher. C’est l’une des conclusions de la visite royale en Tunisie, une visite qui a permis de mesurer la solidité des liens séculaires entre les peuples et leur désir de voir prospérer la coopération ❚