Stromae a cartonné à Mawazine

Formidable, le 1er concert de Stromae a été formidable. Le chanteur belge a réuni 183 000 personnes à l’OLM Souissi, battant ainsi le record d’affluence de la 13e édition de Mawazine. Artiste surdoué et performer live hors-pair, il a livré, lors de la 4e journée du festival, une prestation incroyable devant des fans éblouis. Un show spectaculaire de sons et lumières apprécié par jeunes et moins jeunes venus nombreux partager un moment de liesse et danser sur des beats irrésistibles en reprenant par cœur les paroles des tubes Papaoutai, tous les mêmes, ou encore Formidable.

 

L’Observateur du Maroc : Votre musique est souvent qualifiée de Pop moraliste.

STROMAE : C’est vrai, j’ai un côté un peu moralisateur voire paternaliste. Et j’assume. C’est peut être mon éducation catholique qui a fait que j’ai toujours cette espèce de bonne conscience, je crois que je suis un peu bon élève. En fait, je ne suis pas trop rebelle à la base, ou alors ma rébellion s’exprime dans des choses toutes minimes. C’est difficile de s’en détacher.

Vos choix artistiques sont audacieux (expression corporelle, costumes, chorégraphies). Est ce que c’est difficile à assumer?

En fonction de l’éducation et du caractère personnel de chacun, le projet peut paraître rentre dedans ou pas du tout. Vestimentairement parlant, c’est un peu engagé, sinon, je n’ai pas l’impression que c’est choquant (s’habiller à moitié femme, paraître bourré dans la rue,…). Je suis timide dans la vraie vie, mais dès qu’il s’agit de me mettre sur scène et de faire l’imbécile, je l’assume complètement.

Vous avez perdu votre papa au Rwanda, quel impact cet incident a-t-il eu sur votre parcours artistique?

Je l’ai perdu juste avant l’adolescence, on n’en parlait pas beaucoup à la maison, mais quand j’ai appris la nouvelle, il y avait tellement de distance, je ne le connaissais pas beaucoup, je n’en ai pas pleuré mais ça m’a affecté. Je crois que la fierté et l’orgueil ont fait que je n’avais pas envie d’avoir plus de réaction que ça. Et puis, Papaoutai est sorti comme ça, et c’est une manière pour moi d’arrêter avec la rancune. Avec le temps, je me dis que si je suis comme ça, c’est grâce ou à cause de son absence et merci à la vie d’avoir été comme ça. J’ai l’impression que j’ai grandi et comme disait Freud, « on devient adulte en pardonnant à son père ». Il a fait ce qu’il pouvait et puis, il n’est pas là, c’est tout.

Comment quelqu’un de pudique comme vous arrive à gérer sa célébrité ?

C’est flatteur mais à l’extrême, c’est dangereux, quand on touche à ma vie privée, je commence à grincer les dents. Je suis hyper reconnaissant et le fait d’être ultra médiatisé, c’est impressionnant pour quelqu’un de pudique comme moi. J’ai besoin de retourner chez moi, d’être au calme et de me dire que tout va bien dans ma tête. Le fait d’avoir beaucoup d’attention, c’est super flatteur, mais en même temps, c’est inhumain. On a besoin de beaucoup de temps et de solitude pour surmonter cela. Je trouve que ça handicape et ça ne rend pas très intelligent.

Vous avez fait le Buzz avec le clip Formidable en Belgique. Qui est derrière votre stratégie de communication?

On fonctionne avec une équipe très réduite (Dimitri, mon petit frère qui est directeur artistique, une styliste, une graphiste, Karim et Aurélie) mais on n’a jamais engagé de boîte de communication, c’est juste une idée qui m’est venue en composant le morceau. Je n’ai jamais voulu être le roi du buzz, c’est plus par souci de créer et de faire des choses un peu différentes.

Vous vous attendiez à un tel succès lorsque vous prépariez votre album Racine carré?

Non. En fait, J’essaie d’être le plus sincère possible. Pour les deux albums, ça a été très compliqué, c’est un long travail de solitude, et j’essaie de ne pas composer pour les gens et pour le succès. La solitude fait qu’on revient à une espèce d’égoïsme, je fais de la musique pour moi d’abord, et je suis désolé pour ceux qui pensent que je la fais pour eux, c’est plus sain d’esprit. Cela dit, j’en fais aussi pour les autres, mais à grande majorité, pour moi ❚