« La carte des jeunes est une véritable bombe et cela n’existe nulle part ailleurs ! »
Mohamed Ouzzine, Ministre de la Jeunesse et des sports

L’Observateur du Maroc : On connaît plus le ministère des sports et beaucoup moins le ministère de la Jeunesse. Que fait le ministère pour les jeunes ?

Mohamed Ouzzine : La question serait plutôt : qu’est-ce que nous ne faisons pas pour les jeunes ? Au début, il y avait un obstacle entre les politiques publiques et les jeunes. Les politiques s’élaboraient loin de cette population, ce qui a créé un certain mécontentement et un rejet de ces politiques. Nous devions donc changer l’approche et créer des liens de communication et de confiance avec les jeunes. Le premier projet lancé par le MJS était le Dialogue national sur la stratégie nationale de la jeunesse auquel ont participé 27.000 jeunes.

Quelle approche avez-vous adoptée ?

Il faut que cette question soit abordée de manière horizontale, en associant plusieurs autres départements ministériels, dont la Santé, l’Education et l’Emploi. C’est ce qui nous a amené à créer une commission composée de 20 personnalités représentant des ministères et des experts en droit constitutionnel. Bien entendu tout cela a pris du temps. Mais nous sommes arrivés à élaborer la stratégie nationale de la jeunesse et le Conseil national de la jeunesse. Nous poursuivons le travail afin d’élaborer la proposition de loi y afférent. Nous avons créé des canaux de dialogue avec toutes les catégories des jeunes, y compris les jeunes sans emploi ainsi que les jeunesses des partis. La Banque mondiale nous a accompagné parce qu’elle a estimé que cette expérience devrait être généralisée dans tous les pays de l’Afrique du Nord.

En quoi consiste cette stratégie ?

Elle répond aux attentes et aux préoccupations des jeunes, dont l’emploi. Il y a deux visions, l’une s’appuie sur les programmes d’emploi existants et l’autre s’adresse aux jeunes marginalisés qui n’ont pas pu bénéficier de formation. La réponse dans ce deuxième cas est l’autoemploi. Il s’agit donc de les encadrer et renforcer leurs capacités. La banque mondiale contribue à ce projet à hauteur de 5 millions de dollars.

Où en est la carte des jeunes ?

Le processus que nous avons engagé nous a amené à concevoir la carte des jeunes, c’est une véritable bombe et cela n’existe nulle part ailleurs. Nous serons le seul pays à adopter cette carte qui bénéficiera au tiers de la population du pays, sous forme de réduction dans les transports, le logement, l’accès aux centres touristiques et culturels ainsi que des réductions pour les communications téléphoniques. Nous visons les 15-30 ans, ce qui veut dire que 13.000 personnes seront concernées. Pour la gestion, je pense à la création d’une société privée. Le ministère n’a ni le temps ni les moyens de cette gestion. Notre rôle est de mettre les choses en place et de poser les bases d’une réglementation irréversible.

Concernant le sport, à un certain moment on a commencé à parler de vos divergences avec les Fédérations sportives. Cela est-il encore vrai ?

D’abord, je n’ai jamais eu de différend avec les fédérations. Je pense qu’elles sont des partenaires stratégiques qui gèrent un secteur sportif par procuration de l’Etat. De ma position, je surveille et tant que les choses vont bien, j’encourage. Par contre, je dois intervenir quand il le faut, comme pour le basketball. Nous n’avons enregistré dans ce sport aucune participation internationale, il n’y avait pas de championnat. Cela ne pouvait pas durer et nous sommes intervenus en créant une commission provisoire. La Fédération internationale de basketball, qui était contre cette commission provisoire, a quand même fini par reconnaître notre travail et nous a félicité ❚