« La visite royale ouvre une nouvelle ère dans la coopération maroco-tunisienne ».
ABDESSALEM KALLALA, Responsable des relations extu00e9rieures de lu02bcObservatoire du Sahara et du Sahel (OSS).

L’Observateur du Maroc : Quelle appréciation faites-vous de la visite que vient d’effectuer le souverain marocain en Tunisie ?

Abdessalem Kallala : En tant que citoyen tunisien, je me réjouis de cette visite royale qui était très attendue par le peuple tunisien. Nous avons tous ici apprécié le geste de S.M le roi Mohammed VI quand il est allé se promener au milieu des Tunisiens sans le moindre protocole, donnant ainsi un bel exemple aux responsables politiques tunisiens qui ont peur de se mêler à la foule. Par sa jeunesse, par sa joie, le souverain marocain a montré qu’il aime bien la Tunisie et nous en sommes fiers. C’est sûr que sa visite ouvre une nouvelle ère dans la coopération maroco-tunisienne.

Il a été beaucoup question, lors de la visite royale, de développement et en particulier de co-développement comme moyen de lutte contre l’insécurité dans toute la région. Votre commentaire ?

C’est sûr que l’insécurité est fondamentalement un problème de développement. Pendant longtemps, les zones arides étaient restées les grandes oubliées du processus du développement, c’est ce qui a fait de certaines de ces zones, notamment au Sahel, des terreaux du terrorisme. D’où les actions menées par notre Observatoire pour venir en aide à ces territoires. Nous sommes convaincus que seul le développement peut sédentariser les gens en leur donnant un projet de vie digne et éviter ainsi l’insécurité et l’instabilité. Pour ce faire, les efforts à fournir ne peuvent être limités à l’échelle d’un pays. Une coopération d’ensemble, à laquelle appelle d’ailleurs le Maroc qui est membre actif de notre organisation, s’avère nécessaire.

Comment parvenir justement à cette coopération d’ensemble avec l’individualisme qui domine actuellement ?

Tous les pays du Maghreb doivent réfléchir ensemble aux moyens à mettre en place pour mieux coopérer. Cela passe, en premier, par des échanges réguliers des expériences. Tirer profit de l’expérience marocaine, par exemple, fera gagner du temps et des moyens à la Tunisie. Ce genre de coopération doit concerner l’ensemble des pays de la région. Surtout que tous sont aujourd’hui conscients du fait que l’insécurité est d’abord et avant tout un problème de développement.

Comment avancer dans ce sens avec les blocages que connaît le Maghreb ?

Je ne fais pas de politique, mais je peux dire qu’il ne faut s’arrêter au point-virgule. Je conçois le Maghreb comme un seul bloc, il faut dont aller au-delà de certains problèmes. D’ailleurs c’est ce que fait le Maroc en multipliant les projets de développement.

Que faire face à l’insécurité venue du Sahel ?

Le malheur du Maghreb est d’avoir, pendant longtemps, tourné le dos au Sahel. Il a fallu que les crickets venus de cette région attaquent, en 1986, les pays maghrébins pour qu’ils se rendent compte qu’ils sont aussi concernés par ce qui se passe dans cette zone. Laquelle était vue comme très éloignée. Cette prise de conscience concerne aussi les problèmes d’insécurité. Le Sahel a besoin de l’expérience et de l’expertise des pays maghrébins qui doivent lui venir en aide pour prévenir, à la base, le terrorisme ❚