IRAK, Un échec douloureux
Ahmed CHARAI

Limplosion de l’armée officielle, le recours à l’armement des civils pour tenter de contrer l’avancée des insurgés ont crée une situation inédite en Irak. Aux USA, deux conceptions s’opposent. La première considère que l’Amérique ne peut prendre en charge toutes les crises, surtout pas en s’impliquant militairement, qu’elle doit se limiter à une action diplomatique pour défendre ses intérêts stratégiques, se basant sur une certaine lassitude des citoyens américains après une décennie de guerres. La seconde estime que le leadership a ses exigences, que les avancées terroristes au Moyen-Orient et au Sahel menacent les alliés de l’Amérique et ce pays lui-même et qu’il faut donc assumer son rôle. La position officielle de l’Administration Obama se situe entre les deux. Il y a un rejet catégorique de tout retour des forces au sol, en étudiant la possibilité d’interventions aériennes. Sur le plan diplomatique, une véritable ouverture à l’adresse de l’Iran, laisse envisager une collaboration sur ce sujet. Le Président américain précise que « la solution ne peut pas être que militaire ». Il fustige les politiciens irakiens, et donc le chef du gouvernement, qui ont mis en avant les divergences confessionnelles et non des politiques intégratrices. Le problème de la stratégie de Washington, c’est que les interventions n’étaient adossées à aucun « package » politique. Les crises se multiplient et l’attitude américaine est la même, elle consiste plus à jouer les pompiers, qu’à trouver un issue politique viable et pérenne. Le terrorisme international est une vraie menace, ce n’est pas un fantasme. Il est donc nécessaire de le combattre et il est hors de question de le laisser faire de l’Irak un sanctuaire menaçant les peuples du monde entier. Mais quelle est l’issue politique proposée en Irak ? Car comme le dit le président Obama luimême, le système politique érigé sous la tutelle américaine a abouti à l’éclatement du pays. Les sunnites sont en rébellion ouverte depuis longtemps, d’abord pacifique puis armée. Les positions des « administrateurs » américains ont varié dans le temps. Ils ont d’abord proposé un système fédéral, qui n’a été accepté que par les Kurdes, puis ont laissé faire une coalition qui a exclu des pans entiers de la société, avec les conséquences que l’on vit. On peut dire que Washington cherche toujours un repère dans la conjoncture actuelle. Dans ce contexte le président américain a raison de déclarer que la solution ne peut être « que militaire ». Mais il est du devoir de son Administration de définir une ligne politique et le plus rapidement serait le mieux. Aider à la reconstruction d’Etats forts, démocratiques, s’appuyant sur les nouvelles élites est l’unique voie vers une stabilisation pérenne qui doit être l’objectif ultime de la première puissance mondiale. La politique américaine doit refléter ce choix clairement, si elle veut garder sa crédibilité dans la région ❚