Crédits immobiliers : l’heure est à la vigilance !

Preuve du marasme qu’il connaît, le secteur immobilier perd des emplois. En 2013, environ 2000 postes ont été perdus. Un chiffre qui est, et de loin, supérieure aux tendances annuelles notées entre 2009 et 2012 où 420 emplois disparaissaient en moyenne. Cet élément apparent, couplé à la baisse des crédits, dégage comme une odeur de crise. D’où la méfiance des banquiers. En effet, les banques affichent de plus en plus de réticences à attribuer des prêts aux promoteurs. Par conséquent, ces prêts ont fléchi de 3,5% à fin mars et de 5,1% à fin avril. L’existence d’un stock important de logements en cours de livraison justifie ces chiffres. De l’avis d’un directeur d’une agence bancaire de la place, l’année 2013 a été dominée par les demandes de crédits des promoteurs dans un marché caractérisé par le développement de plusieurs projets dans l’économique et le haut standing notamment. Les promoteurs demandent moins de financement aujourd’hui puisqu’ils sont en phase de commercialisation. Et les banques ont instauré des règles plus restrictives dans l’octroi le financement de ce type de projets. Ainsi, toute demande de crédit est aujourd’hui étudiée de manière poussée et l’accord devient beaucoup plus difficile à obtenir. « Si le potentiel commercial n’est pas sûr, la banque peut décider de ne débloquer des financements qu’au-delà d’un certain seuil de commercialisation », ajoute le banquier. « Si certains excès ont été enregistrés il y a quelques années, aujourd’hui on ne rigole plus. D’ailleurs, le financement de l’acquisition de terrains ne se fait plus de nos jours. Et lorsqu’il s’agit de financer le foncier et la construction, le crédit est compris entre 50 et 70% du budget global du programme », assure le banquier. En plus, un apport personnel de 40% est requis. Ce n’est pas tout, le déblocage ne se fait qu’au-delà de 25% de taux de com- mercialisation. « Les projets qui suscitent la vigilance des banques sont ceux localisés dans des marchés en suroffre, tels que Tanger, Marrakech ou encore Fès. À présent, même les projets de logements sociaux suscitent la vigilance des banquiers dans des villes comme Tanger où les projets de ce genre cumulent des stocks de plus d’un an », explique un expert de l’immobilier. Les acquéreurs, eux, ne se découragent pas. D’ailleurs, les prêts qui leur sont accordés ont marqué une hausse de 6,2%, à 163,3 milliards de DH à fin mars de l’année en cours par rapport au premier trimestre de l’année dernière. À y voir de plus près, depuis le début de l’année en cours, les crédits aux acquéreurs n’ont augmenté en fait que de 2%. La vigilance des banques reste de mise. Tout cela n’entame en rien l’optimisme des promoteurs. Ces derniers répètent à qui veut les entendre le marché immobilier a toujours été cyclique. Autrement dit, le cycle haussier ne tardera pas à revenir… ❚