BNP PARIBAS : Les Français font profil bas

Lors de sa rencontre avec Obama, le président français a plaidé clémence sur le dossier BNP Paribas, menacée d’une amende de 10 milliards de dollars. Le bras de fer transatlantique entre la plus grande banque française et les organismes de réglementation américains sur les violations présumées d’embargos a dégénéré la semaine dernière suite à la menace de déclassement de la note de crédit de BNP Paribas et l’intention de François Hollande d’évoquer le sujet avec Barack Obama. Au milieu d’un climat alarmiste et des réactions des hommes politiques français au sujet de l’amende imposée de 10 milliards de dollars à BNP Paribas - plus que ses bénéfices annuels - Standard & Poor’s a déclaré avoir placé la note à long terme de la BNP Paribas (A + actuellement) sous surveillance négative. Les présidents ont discuté de l’affaire lors d’un dîner privé à Paris le 5 juin. « Le système de justice est indépendant en France ainsi qu’aux États-Unis, mais nous pouvons quand même avancer des arguments concernant le caractère disproportionné de l’amende », a déclaré M. Hollande la semaine dernière. La banque fait l’objet d’une enquête pour avoir prétendument violé les sanctions américaines et les règles antiblanchiment d’argent entre 2002 et 2009, en dissimulant les transactions en dollars américains, avec des pays dont l’Iran, le Soudan et Cuba. En plus d’une forte amende, la banque pourrait également être interdite de régler des transactions en dollars américains. S & P a déclaré: « Ces sanctions pourraient affecter négativement la capitalisation ajustée du risque de BNP Paribas, et perturber certaines de ses activités bancaires ». Les analystes disent que l’amende, dont certains rapports non confirmés estiment de 10 milliards de dollars, pourrait contraindre la banque à réduire son dividende, céder des actifs ou même lancer une augmentation de capital. Chacune de ces options serait, en fait, un coup dur pour une banque qui espérait sortir de la crise relativement indemne. Selon des sources proches de BNP Paribas, la banque n’a pas été soumise à un règlement de 10 milliards de dollars par les autorités américaines. Les banques étrangères occupent 12 places sur une liste de 20 banques sanctionnées par les autorités américaines et qui attendent leur tour après le règlement de plusieurs milliards de dollars par BNP Paribas pour violations présumées d’embargos, selon une analyse du Financial Times. Les CEO des banques européennes se sont plaints en privé qu’ils portent un lourd fardeau de la répression des américains sur les malversations financières. Credit Suisse a déclaré la semaine dernière que les actions des banques européennes, avec les risques de contentieux existants, avaient réalisé des performances inférieures à celles de leurs rivales d’environ 25% depuis octobre dernier. Et d’ajouter : «Nous nous attendons à ce que cette divergence s’élargisse davantage ». Portant ses estimations de pertes totales liées aux contentieux hérités des banques européennes de 58 à 104 milliards de dollars, Credit Suisse prévoit des pertes supplémentaires à hauteur de 66 milliards de dollars. La banque suisse a déjà réglé 2,5 milliards de dollars après avoir plaidé coupable le mois dernier pour avoir aider des citoyens américains à échapper à l’impôt. Depuis que BNP Paribas a constitué une provision de 1,1 milliard de dollars suite à l’enquête sur les violations des embargos US en février, ses actions ont chuté de plus de 13%. La banque a mis en garde, plus tard, que le coût du règlement était susceptible de dépasser la provision de 1,1 milliard $ ❚