Liberté de conscience : Houleux débat

«Je trouve que ces procès sont aberrants, ridicules, injustes et moyenâgeux. Le pire c'est que cela arrive dans un pays qui prône un islam modéré et tolérant ! ». Imad Eddine Habib, fondateur du Conseil des anciens musulmans du Maroc, ne mâche pas ses mots lorsqu’il s’agit de commenter les procès des non jeûneurs. Il va plus loin en évoquant les conventions internationales signées et ratifiées par le Maroc sans pour autant les respecter. Pour Imad Eddine et ses amis, l’article 222 du code pénal représente en soi « une anomalie ». « En premier, le législateur reconnaît une seule interprétation de l'islam, celle du conseil suprême des Oulémas, l'instance officielle émettrice de Fatwas s'opposant à l'avortement, à l'homosexualité et au mariage des musulmanes avec des non musulmans… cela ne montre ni assez de tolérance, ni une volonté de vivre ensemble dans une société plurielle multiconfessionnelle. Deuxièmement, le législateur ne condamne pas les musulmans, mais ‘celui qui est notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane’, ce qui représente une atteinte grave à la liberté de conscience et aux conventions internationales, dont la déclaration universelle des droits de l'Homme ainsi que la déclaration universelle des droits de l'enfant », argumente l’activiste. Intransigeants, les membres du Conseil des anciens musulmans et ceux de MALI contestent toute intervention légale dans les choix religieux des citoyens. « La loi ne doit montrer aucun privilège pour une religion ou appartenance religieuse et doit traiter les citoyens sans discrimination à caractère religieux. Ainsi, les libertés individuelles et les droits humains universels seront garantis et certaines lois seront abolies tels l’article 222, mais aussi les articles 475 et 490 », soutient Imad Eddine qui reconnaît la dimension minoritaire de sa communauté et la grande importance de la religion dans la vie des Marocains. « Des sondages ont montré que la majorité des Marocains est très attachée à la religion et serait pour l'application de la charia. D’après les réactions que je reçois, je dirais que les jeunes marocains deviennent de plus en plus fondamentalistes. N’empêche que cela me fait toujours rire quand je reçois des menaces de mort, de décapitation et de viol de la part de Marocains dit ‘normaux’ affichant sur leurs comptes facebook des photos de joueurs de foot connus, d’actrices américaines alléchantes ou leurs propres photos en soirées chantant et dansant ! », commente Habib Imad Eddine qui se dit déterminé à tenir jusqu’au bout dans son combat❚