Les exigences d’une rentrée
AHMED CHARAu00cf

Les deux discours du Roi, celui du Trône et celui du 20 août, ont été d’une clarté absolue. Le Maroc a fait beaucoup de chemin, mais il reste à en faire pour intégrer définitivement le club des économies émergentes tout en consolidant la justice sociale, en réduisant les écarts. Les syndicats et les partis politiques ont été appelés à leur rôle de manière responsable, en particulier sur le dossier des retraites. Cette vision stratégique doit recadrer la rentrée politique. La préparation des élections, un événement normal en démocratie, ne doit pas constituer l’unique sujet du débat public. Sur le dossier des retraites, les syndicats en off disent savoir que jouer sur les trois variables que sont l’âge, le taux de cotisation et le calcul de la retraite, est inévitable, mais ils préconisent des mesures d’accompagnement d’ordre fiscal et un durcissement législatif contre l’emploi informel. Celuici toucherait, selon eux, la majorité de salariés. Les positions sont donc loin d’être inconciliables, et pourtant, l’UMT a réagi par un communiqué réclamant le retour au préalable à la table de négociation. C’est là le noeud gardien : le dialogue social est en panne. La réforme des retraites concerne l’Etat, mais aussi les partenaires sociaux. Elle est nécessaire, urgente, mais doit être comprise, pour être acceptée. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. La réforme de l’enseignement ne peut se faire sur la base de discours idéologiques, et c’est le cas en ce moment, mais sur des consensus sociaux. Là aussi, il y a urgence tant l’état de l’école publique est désastreux. Quant à la réduction des disparités sociales, la lutte contre la précarité, personne, aucun courant n’a de baguette magique. Les modèles qui ont réussi ont allié l’amélioration des services publics, leur accessibilité à une aide sociale aux plus démunis. C’est une politique budgétaire et dans le contexte des contraintes qui sont les nôtres, elle signifierait le recul de l’investissement public, qui reste le moteur de la croissance. Gouvernement, opposition et syndicats doivent s’élever au niveau de ces exigences. D’autant plus que le contexte régional est de plus en plus menaçant, avec la récession en Europe, notre principal partenaire, et avec l’embrasement au Moyen-Orient qui peut induire à la hausse des hydrocarbures. À l’intérieur, la confiance s’effrite au sein du patronat, mais aussi chez l’opinion publique en général. Il serait irresponsable de continuer dans les politiques vides de sens. L’intérêt général, duquel se réclament tous les décideurs, doit être remis au centre du débat politique