Mise à niveau nécessaire
Ahmed Charau00ef

Le gouvernement s’est mis au vert pendant quelques jours. L’objectif est évident, resserrer les rangs, aplanir les difficultés, pour attaquer la rentrée dans une cohésion qui tranche avec ce que l’on a connu sur des sujets importants. On verra le résultat à l’usage, comme on dit. Cependant, notons que sur des sujets importants tels que la compensation, les retraites ou encore la régionalisation, la majorité montre des divergences importantes, chaque parti ayant ses propres vues. C’est l’une des faiblesses de cette majorité, qui a connu pire avec l’épisode Istiqlal. Mais c’est là une tradition marocaine. Le gouvernement Youssoufi avait été harcelé par le même Istiqlal, qui était alors une composante essentielle de la coalition. Le gouvernement Abbas El Fassi n’avait rien de monolithique non plus. Tout le monde connait l’origine de ce phénomène : le nombre de partis et le mode de scrutin. La proportionnelle ne permet pas la victoire d’un parti. On a parlé de raz-demarée du PJD en 2012. Or, il n’a recueilli que 1,2 millions de voix, soit à peine 20% des voix exprimées. Pour sortir de ce cercle vicieux, il y a un instrument politique utilisé dans toutes les démocraties : les alliances pré-électorales sur la base de programmes communs. L’alliance majoritaire aura livré son programme aux électeurs et devra s’y tenir puisqu’elle sera jugée sur cette base. Les partis marocains ont toujours refusé cette attitude. Ils ne veulent pas être liés par une alliance, qui les priverait de rejoindre une autre lors de la constitution du gouvernement. Ceci nous donne la situation actuelle où le RNI est au gouvernement dirigé par Benkirane. Cette situation handicape l’action gouvernementale et dévalue l’action politique dans son ensemble. Les élections municipales finissent par des majorités très différentes dans chaque ville. La notion de majorité et d’opposition disparait. Le Maroc est un cas unique au monde sur ce registre. Or, il est clair que les collectivités locales sont un levier important du développement et que les gouvernements, et donc les majorités qui réussissent le mieux, sont ceux qui ont un prolongement politique dans la gestion décentralisée. La logique voudrait que la majorité actuelle se constitue en alliances régionales et locales. Cela constituerait une grande avancée politique, démocratique, dans le sens de la maturité de la constitution des institutions représentatives. Sinon, nous assisterons encore aux marchandages de voix pour l’élection des présidents à des bureaux hétéroclites vite bloqués et à une désaffection encore plus grande des électeurs ❚