« La disponibilité de la ressource en eau sera influencée par les changements climatiques »
Abdalah Moukssit, Directeur de la Direction de la mu00e9tu00e9orologie nationale et vice-pru00e9sident du GIEC

L’Observateur du Maroc : Quelles sont les causes et les conséquences du déficit en eau dans notre pays ?

Abdalah Moukssit : La problématique de la ressource en eau est généralement liée à deux aspects: l'un lié généralement à la gestion et la mobilisation et aux moyens dédiés à cet aspect et l'autre à la disponibilité de l'eau dans la nature, donc les précipitations. Et qui dit précipitations dit climat et par là la variabilité et le changement du climat. Étant donné les enregistrements disponibles, les études de détection et les résultats relatifs aux impacts du changement climatique, la disponibilité de la ressource en eau dans plusieurs régions du monde est et sera en partie influencée. Le Maroc, à l’instar de plusieurs régions de l'Afrique, ne semble pas faire exception ; ce qui rend l'efficacité et l'efficience de la programmation, la gestion et la mobilisation de la ressource en eau autant importante que nécessaire.

Comment expliquer le changement climatique et ses différentes retombées au citoyen lambda ?

Le changement climatique est là, selon le constat reporté par la communauté scientifique internationale. A l’échelle de la planète, il s’est déjà manifesté par une hausse des température de 0,75 °C en moyenne par rapport à 1860, l’élévation du niveau des mers de 1,8 mm/an depuis 1961 et la recrudescence de phénomènes météorologiques extrêmes à l’origine d’importantes pertes humaines et matérielles (canicules, sécheresse, ouragans, inondations). Le GIEC a élaboré des projections du climat mondial à l’horizon 2100 qui prévoient notamment le réchauffement de la Terre de 1,8 °C à 4 °C, l’élévation du niveau des mers de 20 cm à 60 cm et l’augmentation des précipitations aux latitudes élevées ainsi que leur diminution sur la plupart des terres émergées subtropicales.

Les experts prévoient une diminution de l’ordre de 30% des précipitations d’ici 2050 dans la région Mena. Doit-on s’inquiéter pour l’avenir de nos enfants ?

Tout d'abord, il faut savoir que les projections climatiques se basent sur des scénarios d'émissions de gaz à effet de serre qui vont de l'optimiste au pessimiste. Et quand on considère les résultats des modèles, il faut aussi considérer différents scénarios pour l'évaluation des impacts. Il est vrai que les projections futures du climat donnent dans l'ensemble des réductions des cumuls pluviométriques conjointement avec une hausse des températures. Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y aurait pas de précipitations ou d’années excédentaires. Avec de bons moyens de gestion, d'économie et de stockage d'eau (exemple les barrages), il est tout à fait possible de minimiser les impacts des changements climatiques sur la ressource en eau❚