Investissements : Dubaï s’attaque à l’Afrique subsaharienne

Dubaï décide de prendre une participation minoritaire dans le plus grand cimentier du Nigeria. Une action qui entre dans la stratégie de ce pays du Golfe à déployer ses finances en vue de confirmer sa position de passerelle d’investissement en Afrique sub-saharienne. La holding d’Etat émiratie tient à diversifier son portefeuille en investissant 300 millions de dollars sur le marché ouest-africain à travers une participation minoritaire dans Dangote Cement, qui affiche une capitalisation boursière d’environ 23 milliards de dollars. Un haut responsable de l’Emirat a déclaré que Mohammed al-Shaibani, le CEO de la Société d’investissement de Dubaï, devrait signer l’accord au cours de cette semaine avec le fondateur de Dangote Group qui n’est autre que le magnat nigérian Aliko Dangote, l’homme le plus riche de l’Afrique qui pèse une fortune estimée à 25 milliards de dollars. Et le haut fonctionnaire d’ajouter : « Cette opération pourrait conduire à la conclusion d’autres accords à l’avenir ». Dangote Cement, la plus importante entreprise ayant la plus grande capitalisation boursière au Nigeria et qui contrôle les deux tiers du marché du ciment, prévoit d’étendre la capacité de sa production de 35 millions de tonnes à 60 millions de tonnes par an d’ici à 2018, comme elle connait une grande expansion sur le marché national et à travers 12 autres pays africains. La Société d’investissement qui contrôle les joyaux industriels de Dubaï, dont notamment la compagnie aérienne Emirates et le promoteur immobilier Emaar, se penche de plus en plus vers les investissements mondiaux après avoir aidé l’Emirat à sortir du krach immobilier de 2008 et de la récession qui s’est ensuivie. Le marché immobilier de Dubaï a récupéré. Mais il est à présent menacé de surchauffe, l’économie de l’Emirat étant un havre en plein boom au milieu d’une région enflammée. La Société d’investissement a lancé le mois dernier un fonds commun de placement avec l’agence officielle sud-coréenne des financements des échanges, Export-Import Bank of Korea. Cet investissement réalisé par la Société d’Investissement de Dubai est le dernier de toute une série d’acquisitions par des groupes contrôlés par l’État et par des fonds souverains en Afrique sub-saharienne après avoir délaissé pendant longtemps cette région. Cette année, le fonds souverain singapourien Temasek a acheté une participation dans une société d’énergie au Nigeria, quelques mois après son entrée dans le capital d’un gisement de gaz en Tanzanie. Quant au fonds souverain Pékinois, la China Investment Corporation, il a pris en 2011 une participation de 25% pour la bagatelle de 250 millions de dollars dans le groupe Shanduka, un conglomérat sud-africain fondé par le businessman et homme politique Cyril Ramaphosa. La Banque africaine de développement prévoit que le continent connaitra cette année un boom record de capitaux étrangers s’élevant à 80 milliards de dollars. Les flux de capitaux qui comprennent les investissements dits de portefeuille en actions et en obligations devraient augmenter à près de 25 milliards de dollars, dépassant le pic atteint en 2006. Aussi récemment qu’en 2001, l’Afrique a enregistré des flux négatifs d’investissements lorsque les grands investisseurs ont retiré leurs capitaux❚