Écosse : Le secteur privé crie à l’unisson : Non !
David Cameron

Les avertissements du secteur privé augmentent. Les banques menacent de délocaliser. Alex Salmond dénonce « l’alarmisme ». Le premier industriel britannique avertit qu’une victoire du Oui la semaine prochaine jetterait un voile d’incertitude sur l’économie du Royaume-Uni pendant au moins une décennie. Les banques Écossaises ont mené une offensive soutenue contre l’indépendance. Cinq d’entre elles ont indiqué qu’elles délocaliseraient leur siège au sud de la frontière, dans le cas d’une victoire du Oui. Et font déjà pression sur le Trésor pour adopter de nouvelles lois leur facilitant le transfert de leurs QG en Angleterre. Quant au Premier ministre David Cameron, il a exhorté les chefs d’entreprises à se prononcer contre l’indépendance depuis des mois déjà. Le 11 septembre, à la suite des sondages indiquant une course serrée, on a vu finalement se déclencher une vague de mises en garde des entreprises contre les conséquences de la victoire d’un Oui au référendum de ce jeudi. Sir Mike Rake, président de BT Group, vice-président de Barclays et président du groupe CBI, la fédération des employeurs britanniques, a averti que l’indépendance déstabilisera l’investissement en Ecosse et dans le reste du Royaume-Uni. « L’incertitude durera facilement au moins 10 ans », a-t-il déclaré au Financial Times. « Cette incertitude se traduira inévitablement par un ralentissement de l’investissement au Royaume-Uni dans son ensemble ainsi qu’en Écosse ». La riposte du monde des affaires survient après les sondages d’opinion qui ont indiqué que dans la dernière quinzaine, la campagne du Oui était en faveur de leurs rivaux qui avaient bénéficié d’une avance confortable pendant tout l’été. Selon le quotidien britannique FT, Marks and Spencer, la première chaîne du Royaume-Uni, est en passe de mettre en garde les Écossais de la possibilité d’une hausse des prix dans le cas d’un Oui écossais. Marc Bolland, le directeur général de M & S, devrait signer une lettre commune avec d’autres grands magasins. Les détaillants, quant à eux, ont aussi mis en garde contre les coûts d’une activité commerciale dans un nouveau pays avec une population dispersée et dont les dispositions monétaires et fiscales sont incertaines. Alex Salmond, le premier ministre nationaliste de l’Écosse, a affirmé que M. Cameron avait orchestré une campagne affairiste « alarmiste ». Et d’ajouter que les Écossais ignorent ces avertissements: « L’Écosse est sur le point d’écrire sa propre histoire. L’Écosse votera Oui ». La Royal Bank of Scotland, qui dirige une série de banques employant plus de 35.000 personnes en Écosse, a menacé de délocaliser leurs sièges dans le sud, dans le cas d’une victoire du Oui. Mais ces banques, y compris Lloyds Banking Group, s’inquiètent de la longue procédure judiciaire nécessaire au changement de leurs QG surtout si beaucoup de banques décident de quitter l’Écosse en même temps. Les annonces de la RBS et Lloyds ont été rapidement reprises par Clydesdale Bank, TSB Bank et Tesco Bank. Les initiés du gouvernement soutiennent que la démarche a été coordonnée par la campagne du Non. La société Aegon UK a rejoint sa rivale Standard Life en indiquant qu’elle était prête à déplacer son siège en Angleterre dans le cas d’un Oui écossais. Les banques estiment qu’elles risquent d’être pénalisées par les investisseurs et les agences de notation si elles conservaient leur domicile dans une Écosse indépendante. Elles perdraient également le soutien de la Banque d’Angleterre comme prêteur en dernier ressort. Les demandes de renseignements par des clients nerveux sur les conséquences d’un Oui sont en forte augmentation depuis la semaine dernière. M. Salmond a déclaré que le plan d’urgence établi par la RBS n’affectera point les emplois ni l’assiette de l’impôt sur les sociétés d’une Écosse indépendante. Et de préciser que « l’impôt sur les sociétés ne dépend pas du siège social mais de l’activité économique». Danny Alexander, secrétaire en chef du Trésor, soutient que si toutes ces grandes institutions quittent l’Écosse, « Il y aura certainement une perte d’emplois au niveau des sièges ». Ross McEwan, le DG de la RBS a écrit à ses 12.000 employés en Écosse leur disant qu’ils ne seraient pas délocalisés dans le cas d’un vote affirmatif. « Il s’agit en fait d’une procédure technique et non d’une intention de délocaliser des activités ou des emplois »❚