Buika, la diva rebelle du flamenco jazz
Buika

L’Observateur du Maroc : 5 ans après votre passage à Mawazine, vous revenez aujourd’hui à Tanjazz. Qu’est ce qui a changé pour vous ? Vous sentez-vous plus mature ?

BUIKA : Oui et non. Des fois, je me sens mature, des fois plus enfantine. Je crois que c’est dû à la vie, tu apprends quelque chose, tu en oublies une autre, tu essaies de faire attention mais le plus important, c’est de s’amuser. Des fois, ça vous sert d’être mature, des fois non ; ça vous fait oublier que vous pouvez avoir un rêve.

En 2009, à Cuba, vous avez enregistré live avec Chucho Valdes votre album El Ultimo Trago. Pensez-vous que c’est la meilleure façon d’enregistrer de la bonne musique ?

Non, le live n’est pas la seule façon de s’exprimer et d’enregistrer la bonne musique et on peut le faire de mille façons, surtout avec la technologie.

Vous avez interprété « La bohème » d’Aznavour et « Ne me quitte pas » de Brel. Pourquoi ce choix ?

Parce que je peux le faire. « Ne me quitte pas » parle de la souffrance que peut provoquer l’amour, et ça peut se chanter en différentes langues…

Vous ne répétez jamais avant un concert ?

Je ne répète jamais parce que je suis ce que je suis et je n’ai pas peur de ce que je suis devenue. Le challenge justement, c’est d’être soimême au moment où on joue.

Vos chansons parlent de l’histoire de votre vie finalement ?

Ce que je chante, ce n’est pas seulement ma vie, mais notre vie à tous, tout ce qui touche une personne touche tout le monde. Quand j’étais enfant, on m’avait dit que je ne savais rien, que j’étais idiote. Un jour, je suis montée sur scène et j’ai entendu les applaudissements et je me suis dit qu’on n’applaudissait pas les gens idiots. Je n’ai pas fait d’études, ce que je sais faire, c’est la parole, et porter la parole, c’est ma mission.

Votre voix se prête aussi bien au flamenco gai qu’au jazz mélancolique. Vous penchez pour quel style ?

J’aime chanter la vérité, peu importe le style. C’est impossible de chanter un mensonge. Les deux styles célèbrent la vie. Qu’on chante le jazz, le blues ou le flamenco, qu’on chante en français, en anglais, en yiddish ou en arabe, on chante la même chose. Tout le monde essaie de cacher les mêmes stupides secrets. On est amoureux de la même façon et derrière les chansons, c’est la même histoire, la même souffrance, la même peur.

Vous avez eu une enfance difficile, vous avez beaucoup galéré dans votre vie. Croyez-vous que la souffrance rend un artiste plus créatif ?

La souffrance, je ne m’en souviens pas et la vie est dure pour tout le monde. J’ai eu un enfant, j’ai beaucoup souffert, maintenant, je veux un deuxième. Finalement, on ne se rappelle pas des moments difficiles mais plutôt des bons moments. On adore la vie, peu importe ce qu’on endure, d’ailleurs, c’est l’amour qu’on garde en mémoire ❚