L'Afrique a besoin d'un nouvel ordre économique mondial
Macky Sall

Le président sénégalais, Macky Sall, a appelé, lundi soir à Marrakech à l'ouverture de la 9ème édition du Forum pour le développement de l'Afrique, à la réforme de la gouvernance économique et financière mondiale pour améliorer les conditions d'accès des pays en développement aux marchés des capitaux.

M. Sall a jugé urgent de "réduire les délais de conception, de financement et de réalisation des projets de développement par la rationalisation et la simplification des méthodes, des formalités et des procédures, dans le respect des règles de bonne gouvernance, pour favoriser une gestion axée sur les résultats".

"Il y a urgence à intensifier la coopération internationale pour la transparence des industries extractives, y compris l'élaboration des contrats miniers", a-t-il dit, mettant l'accent sur la nécessité de mettre en place un "système multilatéral plus efficace de prévention et de répression des flux financiers illégaux", notamment la corruption, le blanchiment des capitaux, la fraude fiscale, entre autres pratiques illicites qui coûtent à l'Afrique un préjudice annuel estimé entre 50 et 148 milliards de dollars, selon un rapport de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA) de 2013.

Le président sénégalais a estimé que les solutions classiques, jusque-là convenues en matière de financement du développement, ne sont plus en phase avec l'ampleur et l'urgence des besoins des pays du continent africain, précisant que l'ambition et l'aspiration des peuples africains "n'est pas seulement de lutter contre la pauvreté".

"Notre ambition, l'aspiration de nos peuples, c'est aussi et surtout d'installer, par nos propres efforts, une croissance durable, génératrice d'emplois, de prospérité et de développement inclusif", a-t-il insisté.

Selon M. Sall, pour aller de l'avant sur la voie du progrès, les pays de l'Afrique doivent se donner les moyens de changer de paradigmes. Car ce qui est possible sur tous les continents l'est aussi en Afrique.

Il a aussi souligné l'importance d'explorer d'autres voies complémentaires, voire alternatives au financement public et à l'aide au développement, "forcément limitée et en déclin continu", jugeant nécessaire de considérer l'investissement privé et le partenariat avec l'Afrique comme une partie intégrante d'un nouvel ordre économique mondial "plus adapté aux besoins de nos pays".

"Nous devons convenir qu'un ordre figé dans ses idées, ses règles et ses mécanismes, ne peut soutenir les performances que requiert le rythme de croissance indispensable à l'émergence du continent", a-t-il ajouté.

Le président a invité la CEA et toutes les instances africaines appropriées à plaidoyer pour la levée de certaines contraintes qui freinent l'élan des pays africains vers le développement.