« La liste d’attente des familles s’allonge et les donateurs se font de plus en plus rares »
Redouane Ali, Pru00e9sident de l'Association des Parents et Amis d'Enfants Inadaptu00e9s

L’Observateur du Maroc : Combien coûte en moyenne à votre association la prise en charge d’un enfant handicapé mental ?

Redouane Ali : Chaque enfant coûte environ 2500 dirhams par mois pour une prise en charge basique, sachant que l’Etat contribue aux frais à hauteur de 900 dirhams (soit 35% du total). Le reste est payé par notre association, les familles versent pour leur part une cotisation de 100 à 200 dirhams, voire zéro dirham pour les plus démunies. Notre centre accueille environ 500 enfants provenant de 8 préfectures de la wilaya du grand Casablanca et un staff pluridisciplinaire de 120 personnes pour s’en occuper tous les jours sur les plans médical, thérapeutique, éducatif, pédagogique et professionnel.

Les finances de votre centre sont-elles équilibrées ?

Non, nous sommes toujours déficitaires et le trou dans notre budget se creuse chaque année car la liste d’attente des familles s’allonge et les donateurs, en raison de la conjoncture, se font de plus en plus rares. Nous existons depuis plus de 40 ans, mais demain, nous ignorons si toutes ces familles qui comptent sur nous ne se retrouveront pas à la rue avec leurs enfants. Ceci d’autant plus que la question de l’handicap semble être la dernière roue de la charrette du ministère de tutelle actuel. Pour tout vous dire, il reste 3 mois pour la nouvelle année et nous attendons toujours la contribution publique pour l’exercice 2014. Quant au Conseil de la Ville, il ne semble à ce jour n’avoir aucune vision, aucun programme quant à l’aide à l’insertion des citoyens handicapés.

Le dernier recensement en date de 2004 a révélé que 10% de la population marocaine souffre d’handicap physique ou mental. Son poids n’est-il pas suffisant pour faire avancer ses droits civiques ?

Si ! Bien que nous soyons par essence apolitiques, nous sommes conscients qu’aucune avancée majeure ne sera possible sans représentativité au parlement. Car seul un handicapé ou un de ses proches peut ressentir ce qu’est la charge physique, morale et matérielle de l’handicap au quotidien. Nous hésitons entre créer notre propre formation ou adhérer à des partis déjà existants. En tous cas, nous avons entamé le premier pas avec la création du Collectif pour la promotion des droits et de la citoyenneté des personnes en situation de handicap pour la Région de Casablanca-Settat. Ce réseau compte une cinquantaine d’associations (dont plusieurs d’utilité publique comme l’APAEI) et s’est fixé un double objectif : d’une part la protection et la promotion des droits des personnes en situation d’handicap et d’autre part, la lutte contre toutes les formes de discrimination à leur égard ❚