La mort d’un juste
Ahmed CHARAI

Le décès de Zaidi est une véritable tragédie. Un concours de circonstances malheureux, des infrastructures défaillantes, lui ont été fatales. Son enterrement, ses funérailles ont été très symboliques. Des milliers d’anonymes se sont associés à la douleur des siens, des officiels et l’ensemble de la classe partisane étaient présents. Toutes les déclarations mettaient en avant les qualités de l’homme, et c’est vrai. Ahmed Zaidi était d’une rectitude absolue, courtois, humain, transparent, respectueux des autres, ferme sur ses convictions, mais acceptant la contradiction. Sa vie politique était à l’image de ses valeurs. Il est élu local depuis 1983, et parlementaire depuis 1992. Dans la même circonscription, les électeurs lui renouvelant leur soutien à chaque fois. Président du groupe parlementaire de l’USFP, auparavant membre de plusieurs commissions, il élevait la pratique parlementaire aux plus hauts standards de la démocratie. C’est faire injure à sa mémoire que de limiter la carrière de Zaidi aux suites du 3e congrès de l’USFP et au courant qu’il a créé pour contrecarrer Driss Lachgar. Ahmed Zaidi, mort très jeune, il n’avait que soixante ans, est d’abord un militant de la politique au sens noble du mot. Il n’a jamais cédé à la facilité des attaques personnelles, à la démagogie, au lynchage médiatique, ni à l’abandon de ses convictions pour des gains politiciens passagers. En cela, il était le représentant des hommes politiques respectueux de la chose publique, de l’intérêt général, d’une certaine idée de l’engagement militant. Il en deviendra l’icône, c’est une certitude. Les funérailles de Zaidi prouvent une chose : les Marocains valorisent à leurs juste valeur l’engagement sincère, l’intégrité... C’était justement le sens du combat du parlementaire de Bouznika. Cet homme a combattu en tant que journaliste pour l’indépendance de la presse, puis pour les libertés publiques, le développement, la solidarité sociale, la démocratie. Il a vécu en combattant, il est mort en combattant. Il laisse l’image d’un individu brillant, hyper brillant, engagé, démocrate, qui a passé sa vie à lutter pour ses rêves. Le projet national, celui de la démocratie du développement, de la modernité, lui doit énormément ❚