Entre convictions et mercenariat
Ahmed CHARAI

Le Maroc a accueilli la deuxième édition du Forum mondial des droits de l’Homme. C’est une reconnaissance internationale des avancées de notre pays en ce domaine. Les débats riches, contradictoires, parfois houleux, démontrent la complexité de la démarche humaniste. Des notions comme la spécificité et l’universalité ne sont pas un luxe idéel, mais la confrontation de réalités historiques prégnantes. Ce combat, héroïque pour les droits humains, pour lequel des femmes et des hommes continuent à se mobiliser au péril de leur vie n’est pas fini. Nous pensons que le progrès de l’humanité, depuis des millénaires, est le fruit de trois tendances : l’aspiration à l’égalité, à la liberté et au bien-être économique. Au Maroc, les discours nihilistes ne sont plus crédibles. Grâce à la lutte des militants, les grands principes sont acquis, ils sont dans la constitution. C’est l’effectivité qui pose problème. Le combat de l’avenir est celui qui consiste à traduire ces principes généraux en lois, mais aussi en politiques publiques. Pour notre part, nous sommes attachés à ce combat. Mais nous sommes encore plus attachés aux principes fondateurs. Le droit de pensée, d’expression, de conscience est pour nous fondamental. Dans notre groupe, nous plaidons pour la protection de l’enfance, les droits des femmes, la lutte contre la précarité, pour une vraie politique pour les personnes à besoins spécifiques, pour la liberté de conscience, etc. Mais nous avons aussi des engagements. Ainsi, sommes-nous totalement engagés dans une vision patriotique du Maroc. Sur la question du Sahara, nous sommes convaincus que l’unique issue réside dans la souveraineté marocaine. Toute autre issue menacerait la sécurité de tout le pourtour méditerranéen. En même temps, nous nous interdisons tout soutien aux débordements sécuritaires quand ils ont lieu. Dans ce groupe, nous avons choisi d'exprimer nos idées dans la clarté. Le drame israélopalestinien est un facteur important de la propagation du terrorisme international. Nous pensons que la solution de deux Etats indépendants est l’unique voie. La nécessité d'une politique réaliste au sein même de la société israélienne est nécessaire. Par ailleurs, les divisions palestiniennes ne renforcent pas les capacités de négociation. Sur les questions de l’immigration, du rôle de la religion, nous avons le même souci. Celui de mettre les droits humains au centre de notre démarche, sans oublier les contraintes des politiques publiques, dans un environnement de crise économique. Notre engagement est à la fois humaniste, social, mais aussi patriotique. Nous excipons de notre droit à l’expression libre, à notre engagement irréversible reconnu par tous les véritables militants de droits humains. Ceux qui utilisent des manoeuvres haineuses, qui pensent ainsi pouvoir nous réduire, se trompent lourdement. Nous, nous défendons des convictions, eux sont des mercenaires rétribués. Nous acceptons la contradiction, pas l’insulte venue de plumes achetées. La caravane passe et passera...❚