La 4G déjà prête, mais pas la réglementation

Dans les télécoms, est-on en train de mettre la charrue avant le bœuf au Maroc ? C’est la question qui se pose maintenant que l’appel d’offres pour la 4G est en passe d’être lancé alors que la mise à jour de la loi réglementant le secteur tarde à être faite.

Le 20 janvier dernier, le projet de loi n°121-12 modifiant et complétant la loi n°24-96 relative à la poste et aux télécommunications a été adopté par le conseil des ministres après avoir été déjà adopté, le 3 janvier, par le conseil du gouvernement. II a été ensuite déposé à la chambre des représentants. Près de dix mois après, le dossier semble avoir été oublié dans un quelconque tiroir. Jusqu’à quand ? Personne ne semble le savoir. Pourtant, en arrivant, Moulay Hafid Elalamy a fait de la mise à jour réglementaire des télécoms l’une de ses priorités. Parce que le ministre de l’Industrie, du Commerce, de l’Investissement et de l’Économie numérique sait bien que dans le monde hyper connecté d’aujourd’hui, l’accélération industrielle dont il fait son cheval de bataille passe par l’évolution de ce secteur. Il se trouve que l’enjeu est de taille. Si le projet de texte et ses décrets d’application sont adoptés, le roaming national et l’interconnexion des réseaux de télécommunications au Maroc deviendront une réalité. Cela passera par l’obligation de Maroc Telecom, qui est l’opérateur puissant sur les marchés particuliers des télécommunications, de mutualiser et de partager des infrastructures relatives aux réseaux en fibre optique avec les opérateurs alternatifs, moyennant paiement. inwi et méditel ont pu trouver un terrain d’entente en matière de mutualisation entre eux, mais pas avec l’opérateur historique qui dit avoir trop investi pour partager. C’est pour cela que même le nœud gordien que représente le dégroupage n’a pas été tranché. En principe, c’est le régulateur du marché et donc l’ANRT qui doit user de son autorité pour mettre tout le monde d’accord. Sauf que l’Agence attend elle aussi, la mise à jour réglementaire pour être habilitée à sévir. En attendant, la 4G testée avec succès Si tout va bien, l’ANRT publiera, le 17 novembre, l’appel d’offres pour la 4G. Mais d’ores et déjà, après le test réussi à Rabat de la 4G annoncé à travers un communiqué par Maroc Télécom, inwi vient de montrer qu’il est prêt lui aussi pour le déploiement de cette technologie. Des tests grandeur nature ont été effectués en différents endroits de Mohammedia, première ville couverte par le réseau 4G de inwi, et c’était impressionnant de découvrir de visu le débit ultrarapide qu’offre la 4G (jusqu’à 150 Mbps alors que la 3G classique assure un débit moyen de 2Mbps.) Mauvaise nouvelle, inwi ne pourra pas lancer ce service comme attendu en janvier 2015. « Nous participerons à l’appel d’offres de la 4G », rassure toutefois Frédéric Debord. Et le directeur général d’inwi de préciser : « Notre décision de répondre ou ne pas répondre tiendra compte des conditions d’octroi et d’exploitation de la licence ». Il regrette au passage de devoir mettre de l’argent, faute de mutualisation, dans du génie civil pour la mise en place de la fibre optique, au lieu d’investir dans le développement du contenu, par exemple. Malgré tout, inwi montre qu’il croit fort en l’avenir. La preuve, cet opérateur vient d’inaugurer le premier Datacenter aux normes TIER III au Maroc. Déployé en partenariat avec IBM sur une superficie globale de 1000 m2 dans la région de Nouaceur, le Datacenter d’inwi est désormais le plus grand du pays et assure, selon Bernard Buyat, Directeur technique de inwi, un degré de résilience et de disponibilité de 99,98%. Autre signe de confiance en l’avenir, inwi prévoit d’investir 10 milliards de dirhams durant les 5 prochaines années. D’où l’appel de Débord à une nouvelle configuration de la régulation qui s’avère, selon lui, nécessaire à ce stade. « Le partage des infrastructures et le dégroupage total sont la clé de voute de ce nouveau cycle », insiste-t-il.